Extraits choisis du livre "Creating a world without poverty" ou "Vers un nouveau capitalisme"
Créer un social business avec Danone:
- "J'ai fait une suggestion à Franck et à ses collègues : comme vous le savez, la population du Bangladesh est l'une des plus pauvres de la planète. La malnutritution est un problème terrible, surtout chez les enfants. Elle a des conséquences désastrueuses sur leur santé lorsqu'ils grandissent. Votre entreprise est un important producteur d'alimentes à haute valeur nutritive. Que dirirez-vous de créer une joint venture afin d'apporter certains de vos produits jusqu'aux villages du Bangladesh ? Nous pourrions fonder une société que nous détiendrions en commun et que nous appellerions Grameen Danone qui amélioreraient le régime des Bangladais des campagnes, particulièrement des enfants. Si ces produits étaient vendus à bas prix, nous pourrions véritablement changer la vie de millions de personnes." p18
- "Des institutions financères d'un genre nouveau pourront enfin être créées pour répondre aux besoins financiers des social-business: des fonds de capital risque sociaux, des fonds sociaux et, bien sûr, un marché boursier social. [...] Alors que le projet avançait très vite au Bangladesh, la direction de Danone à Paris cherchait des réponses aux inévitables questions auxquelles elle allait devoir faire face au moment du lancement d'un social-business: 'Comment osez-vous investir notre argent dans un projet qui ne crée pas de profit pour nous ?' [...] Depuis plusieurs années Emmanuel Faber avait discuté et débattu des défis que présentait le financement d'activités à caractère social avec des amis gestionnaires de certains des plus importants fonds de pensions et de placements américains et européens. [...] Un modèle économique hybride: double ou triple résultat, cad en évaluant le succès d'une entreprise à l'aune non seulement de son résultat comptable, mais aussi de sa performance sociale et environnementale. L'ide d'un modèle économique 'hybride' repose sur l'existence d'investisseurs soucieux de donner une 'valeur sociale' à leur argent." p268
Définition d'un social business:
- " La répartition du revenu mondial nous le confirme: 94% du revenu mondial revient à 40% de la population, alors que les 60% restants doivent vivre avec seulement 6% du revenu mondial. La moitié de l'humanité vit avec 2 dollars par jour ou moins ; près d'un milliard de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour. [...] Certains pays ont cependant payé au prix fort leurs succès économiques des trois dernières décennies. Depuis que la Chine a engagé des réformes économiques à la fin des années 1970, elle a connu une croissance rapide ; selon la Banque mondiale, plus de 400 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté. [...] Mais ces progrès économiques se sont accompagnés d'une aggravation des problèmes sociaux. Obsédées par cette course à la croissance, les autorités chinoises ont détourné le regard lorsque les entreprises ont pollué l'eau et l'air. Et, malgré l'amélioration du sort de nombreux pauvre, la distance séparant les nantis des démunis a augmenté." p26
- "La Grameen Bank a mis au point un système d'évaluation comprenant cinq étoiles ainsi qu'un mécanisme d'incitations pour son personnel et ses succursales. Si un membre du personnel obtient un taux de remboursement de 100% pour la totalité de ses emprunteurs (un employé de la Grameen Bank a généralement la charge de six cents emprunteurs), il reçoit une étoile verte. Si son travail crée du profit, il obtient une autre étoile, bleue cette fois-ci. Si le total des dépôts qu'il mobilise est supérieur au montant de ses encours de crédit, il gagne une étoile de couleur violette. S'il assure que tous les enfants de tous ses emprunteurs vont à l'école, une étoile marron lui est décernée. Enfin, si tous ses emprunteurs sortent de la pauvreté, il recevra une étoile rouge. Les membres du personne peuvent porter leurs étoiles sur leur poitrine. Ils sont extrêmement fiers de leurs succès." p42
- " Je ne pense pas que les choses aillent mal en raison de 'défaillance du marché'. Le problème est beaucoup plus profond que cela. La théorie du libre marché souffre d'une 'défaillance de conceptualisation', d'une incapacité à saisir l'essence même de l'humain. Dans la théorie classique de l'entreprise, un être unidimensionnel joue le rôle du chef d'entreprise, celui qu'on appelle entrepreneur. Il a été isolé du reste de la vie - la religion, les émotions, le politique et le social. Il ne connaît qu'une mission: maximiser le profit. Il est soutenu par un autre être humain unidimensionnel qui investit de l'argent dans son entreprise. Pour citer Oscar Wilde, ils connaissent le prix de toute chose mais la valeur de rien. Notre économique a créé un monde unidimensionnel peuplé par ceux qui se consacrent au jeu de la concurrence et pour qui la victoire ne se mesure qu'à l'aune du profit. Et comme cette théorie nous a convaincus que la recherche du profit constituait le meilleur moyen d'apporter le bonheur à l'espèce humaine, nous imitons avec enthousisasme la théorie en nous efforçant de nous transformer en êtres unidimensionnels. Et le monde d'aujourd'hui est si fasciné par le succès du capitalisme qu'il n'ose pas mettre en doute le systèem sous-jacent à la théorie économique. La réalité est néanmoins très différente de la théorie. Les individus ne sont pas des entités unidimensionnelles ; ils sont passionnément multidimensionnels. Leurs émotions, leurs croyances, leurs priorités, les motifs de leur comportement peuvent être comparés aux millions de nuances que sont susceptibles de produire les trois couleurs primaires. Même les capitalistes les plus célèbres oint en partage une grande variété d'intérêtrs et de motivations (Bill Gates, Rockefeller). Les multiples facettes de nos personnalités indiquent que toutes les entreprirse ne devraient pas se consacrer au seul objectif de maximisation du profit. Et c'est ici que le concept de social-business fait sont entrée." p49
- "Ils ont l'intention de placer leur argent pour en faire profiter la collectivité, et ils voudront être certains que leur investissement produira les gains sociaux maximaux. Comme un investisseur recherchant le profit cherche à maximiser son espérance de fains, qu'il s'agisse des dividendes anticipés ou de la croissance attendue du cours de l'action, un investisseur social voudra savoir comment le social-business considéré pense traiter le problème social auquel il s'attaque. La concurrence entre social-business les obligera à accroître leur efficacité et à mieux servir les individus ainsi que la planète. C'est l'une des grandes forces du concept de social-business: il introduit les avantages des marchés concurrentiels dans le chamap du progrès social." p60
Définition du microcrédit avec la Grameen Bank:
- "Mais mes arguments ne servaient à rien. En réalité, les 'vrais banquiers' ne voulaient pas prêter aux pauvres des sommes infimes. Il était plus simple et plus rentable d'accorder à des personnes présentant de multiples garanties des prêts moins nombreux mais pour des montants plus importants, même si ces prêts risquaient finalement de ne pas être remboursés. Comme je ne voyais pas comment modifier les règles appliquées par les banquiers, je décidai de créer une banque dédiée aux pauvres: une banque qui accorderait des prêts sans réclamer de garantie ou d'historique de crédit, et qui n'aurait recours à aucun instrument juridique. J'ai continué à supplier le gouvernement de transformer notre projet en une banque disposant d'un statut particulier. Et j'ai fini par réussir. En 1983, la 'banque des pauvres' fut créée dans un cadre fixé par une loi ad hoc. Nous l'avons appelée 'Grameen Bank' (= banque du village')." p91
- "Mais les travailleurs pauvres, qui ne peuvent pas avoir de carte de crédit, sont contraints de contracter des 'prêts du jour de paie'. Les frais et les charges d'intérêts appliqués à ces prêts peuvent représenter un taux d'intérêt annuel de 250% voire plus. Il est tentant de rendre les peuvres responsables des problèmes auxquels ils sont confrontés. Mais lorsqu'on observe les institutions que nous avons créées et qui ne parviennent pas à venir en aide aux pauvres, nous voyons que ces institutions et les conceptions rétrogrades qu'elles véhiculent portent une lourde responsabilité." p95
- "En observant le comportement des gens à qui nous prêtons de l'argent, nous avons vite compris qu'il valait mieux accorder des crédits aux femmes qu'aux hommes pour en faire bénéficier l'ensemble de la famille. Lorsque les hommes gagnent de l'argent, ils ont tendance à le dépenser pour eux-mêmes. Mais quand les femmes gagnent de l'argent, elles veillent à améliorer le sort de tous les membres de la famille, en particulier celui des enfants. Prêter aux femmes crée des bénéfices en cascade: cela procure des avantages sociaux et économiques à toute la famille et, finalement, à l'ensemble de la communauté." p102
Exemples de social-business:
- "Grâce au téléphone portable, le même fermier peut désormais comparer les offres des fournisseurs et les fluctuations des cours. Il est ainsi en bien meilleure position pour conclure un accord équitable avec les marchands locaux ou les intermédiaires. L'information, c'est le pouvoir: la révolution du téléphone mobile rend un peu de pouvoir aux pauvres des campagnes. Depuis le tout début, j'avais l'intention de transformer Grameen Phone en social-business en transférant aux pauvres la majorité des parts de la société. Mais je me trouve à présent face à un obstacle: Telenor refuse de céder ses parts ..." Grameen Telecom & Grameen Phone p158
- "Le système public de santé du Bangladesh est bien moins efficace qu'il ne devrait l'être. En théorie, il est universellement accessible. Mais la réalité est très différente. Le gouvernement consacre des sommes énormes au secteur de la santé, mais les services de soin n'atteignent que rarement les gens, et encore moins les pauvres. De nombreux villageois ont recours à des guérisseurs à peu près dépourvus de formation et à de prétendus pharmaciens vendant leurs propres médicaments, lesquels peuvent se révéler inadéquats ou dangereux." Grameen Kalyan & Grameen Health Care Services p163
Comment vaincre la pauvreté - Un aperçu politique:
- "Je crois fermement que tous les êtres humains ont une capacité innée qui passe généralement inaperçue: la capacité à survivre. Le simple fait que les pauvres sont vivants prouve qu'ils possèdent cette compétence. Ils n'ont pas besoin que nous leur montrions comment survivre: ils le savent déjà! Autoriser les pauvres à accéder au crédit leur permet de mettre immédiatement en pratique les compétences dont ils disposent: tisser, monder le riz, élever des vaches, conduire un pousse-pousse." p188
- "Une deuxième condition déterminante d'une croissance économique soutenue au Bangladesh est la liberté d'accès au marché américain. Le Bangladesh fait partie de la demi-douzaine des pays lesm oins développés d'Asie dont la plupart des exportations vers les Etats-Unis sont soumises à des droits de douane élevés. Le Bangladesh se voit actuellement appliquer le quatrième régime douanier le plus sévère parmi ceux que les USA opposent à leurs partenaires commerciaux." p 193
- "L'Asie du Sud est par conséquent la région la moins intégrée du monde. Le commerce régional n'atteint pas 2% du produit intérieur brut, contre plus de 20% en Asie de l'Est. Le commerce annuel entre l'Inde et le Pakistan est estimé à 1 milliard de dollars alors qu'il pourrait en représenter 9. Le coût des échanges frontaliers dans la région est trop élevé. Les postes-frontières entre l'Inde et le Bangladesh sont si encombrés que les files d'attente du côté indien dépassent 1000 camions ... Ce manque d'intégration contribue à faire de l'Asie du Sud l'épicentre de la pauvreté mondiale: on y trouve près de 40% de la population pauvre du monde." p197
- "En raison de ces problèmes, les peuples perdent la foi dans le sytème démocratique. Les jeunes sont particulièrement tentés par l'apolitisme: ils rejettent un système qu'ils considèrent qu'ils considèrent comme désespérément compromis. Dans ce climat, les politiciens consolident leur pouvoir en attisant la haine entre les citoyens, les groupes ethniques, les religions et les nations. Les dirigeants visionnaires capables de rassembler les individus et les nations se font rares. Si nous avions de tels leaders en Asie du Sud, un problème comme celui du Cachemire aurait été réglé pacifiquement depuis longtemps." p307
- " D'énormes inégalités existent aussi en matière de revenus. Cinq pays - les USA, le Japon, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni - rassembleent 13% de la population mondiale et disposent de 45% du revenu mondial. Par opposition, les trois grands paus du monde en développement - l'Inde, la Chine et l'Indonésie - représentent 42% de la population mondiale mais ne disposent que de 9% des revenus." p318
- " Voici la philosophie du capitalisme à laquelle sont attachés les économistes, les dirigeants d'entreprise, les experts politiques et autres auteurs écrivant sur le monde des affaires. Elle tient dans une coquille de noix:
- une vie meilleure pour le peuples du monde ainsi qu'une réduction des souffrances liées aux inégalités passe par une croissance économique soutenue ;
- la croissance économique vient uniquement d'investissements en capital réalisés sur des marchés concurrentiels ;
- les investisseurs sont exclusivement attirés par les entreprises gérées de façon à maximiser la rentabilité du capital ;
- la rentabilité du capital ne peut être maximisée que par des entreprises faisant de la maximisation du profit de leur unique objectif.
Cett logique nous ramène à une conclusion antérieure : l'être humain est une créature unidimensionnelle dont l'unique source de bonheur, de satisfaction et de motivation est l'argent...
dimanche 20 février 2011
samedi 19 février 2011
Les subprimes: décriptage d'un monstre financier
Extraits choisis du livre "The big short" ou "Le casse du siècle"
Subprime - définition (wikipédia):
Le terme Subprime s'est fait connaitre en français suite à la crise des subprimes aux États-Unis ; il désigne des emprunts plus risqué (et à meilleur rendement) que la catégorie prime, particulièrement pour désigner une certaine forme de crédit hypothécaire (mortgage).
Le prime lending rate est le taux d'intérêt accordé aux emprunteurs jugés les plus fiables, pour le prêteur l'avantage est un risque minime mais l'inconvénient est un rendement faible. Un crédit subprime est accordé à des emprunteurs moins fiables dont on exige en compensation un taux plus élevé ; pour le préteur le risque est plus fort mais le rendement plus intéressant ; enfin, encore plus risqué mais de rendement encore meilleur, on trouve la catégorie junk. Pour qu'un crédit subprime reste intéressant pour l'emprunteur, des montages sophistiqués avec des taux variables et des produits financiers complexes pouvaient permettre de maintenir des taux bas en début de prêt.
Augmentation des subprimes - taux variables (Le casse du siècle - p49):
- "Trente milliards de dollars de prêts subprime représenteraient une grosse année au milieu de la décennie 1990. Mais en 2000, il y en avait eu pour 130 milliards, dont 55 avaient été transformés en obligations hypothécaires. En 2005, il y aurait pour 625 milliards de prêts subprime, dont 507 finiraient sous forme d'obligations hypothécaires. Un demi-billion de dollars de créances adossées à des crédits subprime en une seule année! Les prêts subprime étaient en plein boom alors même que les taux d'intérêt montaient - ce qui n'avait aucun sens. Plus choquant encore, les termes des prêts changaient, d'une manière qui augmentait la probabilité qu'ils ne seraient jamais remboursés. En 1996, 65% des prêts subprime avaient eu un taux fixe, ce qui signifiat que l'emprunteur moyen se faisait peut-être avoir, mais au moins il savait avec certitude combien il devrait payer chaque mois jusqu'au remboursement total du crédit. En 2005, 75% des prêts subprime avaient une forme de taux variable, générablement après deux ans de taux fixe."
- "Les premiers financiers qui avaient misé sur les subprimes avaient été coulés par la petite fraction de prêts qu'ils avaient gardée dans leur book. Le marché aurait pu apprendre une leçon simple: Ne prêtez pas aux gens qui ne peuvent pas rembourser. Mais à la place, il avait appris une leçon compliquée: Vous pouvez toujours accorder ces prêts, faites-les juste disparaître de votre book. Accordez les prêts, puis revendez-les aux départements obligataires des grandes banques d'investissement de Wall Street, qui les assembleront à leur tour sous forme d'obligations hypothécaires qu'elles revendront aux investisseurs. Long Beach Savings fut la première banque existante à adopter ce qu'on appelait le modèle originate and sell (émettre et vendre)."
CDS - Credit Default Swap (Le casse du siècle - p104):
- "Mais alors, au début des années 2000, les marchés financiers effectuèrent, en deux temps, un fantastique tour de passe-passe. Le premier temps consista à appliquer une formule qui avait été conçue pour le risque de crédit d'entreprise au risque de crédit à la consommation. Les banques qui utilisaient AIG FP pour assurer des primes de prêts à IBM et GE lui demanderent désormais d'assurer des piles beaucoup plus hétéroclites qui incluaient des dettes de cartes de crédit, des prêts étudiantes, des prêts auto, des crédits immobiliers prime, des leasings d'avion, ainsi qu'à peu près tout ce qui pouvait générer un cash-flow. Comme il y avait différents types de prêts, accordés à différents types de personnes, la logique qui s'appliqauti aux entrerpises semblait aussi s'appliquer à eux: ils étaient suffisamment divers pour qu'il y ait peu de risques qu'ils se dégradent tous en même temps. Le deuxième temps qui débuta fin 2004, consista à remplacer les prêts étudiants, les prêts auto et tout le reste par de plus grosses piles constituées uniquement de pêts immobiliers subprime américaine."
- "Le problème, comme l'exprime un trader d'AIG FP, c'est que quelque chose de nouveau est arrivé, et nous avons cru que c'était la meme chose que ce que nous faisions avant."
- "Les piles de prêts à la consommation que les banques de Wall Street, Goldman Sachs en tête, demandaient à AIG d'assurer n'étaient plus composées à 2% de crédits subprimes mais à 95%. En quelques mois, AIG FP acheta de fait pour 50 Milliard de dollars d'obligations hypothécaires subprime triple-B en les assurant contre le défaut de paiment ...".
CDO - Collateralized debt obligation = obligation adossée a des actifs (Le casse du siècle - p 106-107):
- "Un CDO regroupe en général des titres issus de 120 à 250 actifs différents pour un montant allant de un à plusieurs milliards de dollars. Les CDO sont des structures créées sur mesure par les banques à destination d'investisseurs."
- "En même temps, Goldman Sachs avait créé un titre si opaque et si complexe qu'il demeurerait à jamais incompris des investisseurs et des agences de notation: le CDO synthétique adossé à des obligations hypothécaires subprime. Comme le CDS, le CDO avait été inventé pour redistribuer le risque de défaut des obligations de société ou d'Etat, et il avait désormais été bricolé pour déguiser le risque des crédits hypothécaires subprime. Sa logique était exactement la même que celle des obligations hypothécaires originales. Dans une obligation hypothécaire, vous rassembliez des milliers de prêts et, comme vous supposiez qu'il était extrément peu probable qu'ils se dégradent tous en même temps, vous érigiez des tours d'obligations, dans lesquelles aussi bien le risque que les bénéfices diminuaient à mesure que vous montiez. Dans un CDO vous rassembliez cent obligations hypothécaires différents - généralement les étages inférieurs et plus risqqués de la tour orginale - et vous vous en serviez pour batir une nouvelle tour d'obligations. L'observateur innocent est en droit de se demander: Mais pourquoi utiliser les étages d'une tour de dettes simplement pour créeer une nouvelle tour de dettes? La réponse courte est que ces étages sont trop près du sol. Comme ils sont plus sujets aux inondations - ce sont les premiers à essuyer les poertes - ils ont une notation plus faible: triple-B. Et les obligations triple-B étaient plus difficiles à vendre que les triple-A, situées aux étages supérieurs et plus surs de l'édifice. La réponse longuqe était qu'il y avait d'énormes sommes d'argent à gagner, si vous parveniez à les faire réévaluer en triple-A, en diminuant ainsi le risque percu, aussi malhonnete et artificiel que ce fut. Mais c'est ce que Goldman Sachs avait eut l'intelligence de faire. Leur habile solution - qui serait bientot celle de tout le monde - au problème des étages inférieurs difficiels à vendre semble, avec le recul, presque magique. Ayant rassemblé 100 rez-de-chaussée de 100 tours de suprimes différentes (100 obligations triple-B différentes), ils persuaderent les agences de notation que ces étages n'étaient pas, contraremenet aux apparence, exactement les mêmes. Ils consistuaient un autre portefeuille d'actifs diversifiés! C'était absurde. Les 100 tours étaient bâties dans la même plaine inondable, en cas d'inondation; les 100 rez-de-chaussée étaient tout aussi exposés les uns que les autre. Mais qu'importait: les agence de notation qui touchaines de grosses commisisions de Goldman Sachs et d'autres banques de Wall Street pour chaque titre qu'elles évaluaient, décidérenet que 80% de la nouvelle tour de dettte était tripleA. Le CDO était de fait, un service de blanchissement de crédit pour les Américains des classes modestes. Et pour Wall Street c'était une machine qui transformait le plomb en or."
Emballement - p110:
- "Ainsi pour générer 1 milliard de dollars d'obligations triple -B, Goldman n'avait pas besoin d'émettre 50 milliards de dollars de prêts immobiliers. Il lui suffisait d'inciter Mike Burry, ou qqs autre personne qui ne croyait pas à l'avenir du marché, à choisisr 100 obligations triple-B différentes et à acheter pour 10 millions de dollars de CDS sur chacune d'elles. Une fois que cet assemblage était consituté (on appelait ça un "CDO" synthétique", à savoir, un CDO uniquement composé de CDS), on le présentait à Moody's et Standard & Poor's. [...] La machine qui transformait 100% de plomb en un alliage composé de 80% d'or et à 20% de plomb récupérait le plomb résiduel et en transformait de nouveau 80% en or."
Subprime - définition (wikipédia):
Le terme Subprime s'est fait connaitre en français suite à la crise des subprimes aux États-Unis ; il désigne des emprunts plus risqué (et à meilleur rendement) que la catégorie prime, particulièrement pour désigner une certaine forme de crédit hypothécaire (mortgage).
Le prime lending rate est le taux d'intérêt accordé aux emprunteurs jugés les plus fiables, pour le prêteur l'avantage est un risque minime mais l'inconvénient est un rendement faible. Un crédit subprime est accordé à des emprunteurs moins fiables dont on exige en compensation un taux plus élevé ; pour le préteur le risque est plus fort mais le rendement plus intéressant ; enfin, encore plus risqué mais de rendement encore meilleur, on trouve la catégorie junk. Pour qu'un crédit subprime reste intéressant pour l'emprunteur, des montages sophistiqués avec des taux variables et des produits financiers complexes pouvaient permettre de maintenir des taux bas en début de prêt.
Augmentation des subprimes - taux variables (Le casse du siècle - p49):
- "Trente milliards de dollars de prêts subprime représenteraient une grosse année au milieu de la décennie 1990. Mais en 2000, il y en avait eu pour 130 milliards, dont 55 avaient été transformés en obligations hypothécaires. En 2005, il y aurait pour 625 milliards de prêts subprime, dont 507 finiraient sous forme d'obligations hypothécaires. Un demi-billion de dollars de créances adossées à des crédits subprime en une seule année! Les prêts subprime étaient en plein boom alors même que les taux d'intérêt montaient - ce qui n'avait aucun sens. Plus choquant encore, les termes des prêts changaient, d'une manière qui augmentait la probabilité qu'ils ne seraient jamais remboursés. En 1996, 65% des prêts subprime avaient eu un taux fixe, ce qui signifiat que l'emprunteur moyen se faisait peut-être avoir, mais au moins il savait avec certitude combien il devrait payer chaque mois jusqu'au remboursement total du crédit. En 2005, 75% des prêts subprime avaient une forme de taux variable, générablement après deux ans de taux fixe."
- "Les premiers financiers qui avaient misé sur les subprimes avaient été coulés par la petite fraction de prêts qu'ils avaient gardée dans leur book. Le marché aurait pu apprendre une leçon simple: Ne prêtez pas aux gens qui ne peuvent pas rembourser. Mais à la place, il avait appris une leçon compliquée: Vous pouvez toujours accorder ces prêts, faites-les juste disparaître de votre book. Accordez les prêts, puis revendez-les aux départements obligataires des grandes banques d'investissement de Wall Street, qui les assembleront à leur tour sous forme d'obligations hypothécaires qu'elles revendront aux investisseurs. Long Beach Savings fut la première banque existante à adopter ce qu'on appelait le modèle originate and sell (émettre et vendre)."
CDS - Credit Default Swap (Le casse du siècle - p104):
- "Mais alors, au début des années 2000, les marchés financiers effectuèrent, en deux temps, un fantastique tour de passe-passe. Le premier temps consista à appliquer une formule qui avait été conçue pour le risque de crédit d'entreprise au risque de crédit à la consommation. Les banques qui utilisaient AIG FP pour assurer des primes de prêts à IBM et GE lui demanderent désormais d'assurer des piles beaucoup plus hétéroclites qui incluaient des dettes de cartes de crédit, des prêts étudiantes, des prêts auto, des crédits immobiliers prime, des leasings d'avion, ainsi qu'à peu près tout ce qui pouvait générer un cash-flow. Comme il y avait différents types de prêts, accordés à différents types de personnes, la logique qui s'appliqauti aux entrerpises semblait aussi s'appliquer à eux: ils étaient suffisamment divers pour qu'il y ait peu de risques qu'ils se dégradent tous en même temps. Le deuxième temps qui débuta fin 2004, consista à remplacer les prêts étudiants, les prêts auto et tout le reste par de plus grosses piles constituées uniquement de pêts immobiliers subprime américaine."
- "Le problème, comme l'exprime un trader d'AIG FP, c'est que quelque chose de nouveau est arrivé, et nous avons cru que c'était la meme chose que ce que nous faisions avant."
- "Les piles de prêts à la consommation que les banques de Wall Street, Goldman Sachs en tête, demandaient à AIG d'assurer n'étaient plus composées à 2% de crédits subprimes mais à 95%. En quelques mois, AIG FP acheta de fait pour 50 Milliard de dollars d'obligations hypothécaires subprime triple-B en les assurant contre le défaut de paiment ...".
CDO - Collateralized debt obligation = obligation adossée a des actifs (Le casse du siècle - p 106-107):
- "Un CDO regroupe en général des titres issus de 120 à 250 actifs différents pour un montant allant de un à plusieurs milliards de dollars. Les CDO sont des structures créées sur mesure par les banques à destination d'investisseurs."
- "En même temps, Goldman Sachs avait créé un titre si opaque et si complexe qu'il demeurerait à jamais incompris des investisseurs et des agences de notation: le CDO synthétique adossé à des obligations hypothécaires subprime. Comme le CDS, le CDO avait été inventé pour redistribuer le risque de défaut des obligations de société ou d'Etat, et il avait désormais été bricolé pour déguiser le risque des crédits hypothécaires subprime. Sa logique était exactement la même que celle des obligations hypothécaires originales. Dans une obligation hypothécaire, vous rassembliez des milliers de prêts et, comme vous supposiez qu'il était extrément peu probable qu'ils se dégradent tous en même temps, vous érigiez des tours d'obligations, dans lesquelles aussi bien le risque que les bénéfices diminuaient à mesure que vous montiez. Dans un CDO vous rassembliez cent obligations hypothécaires différents - généralement les étages inférieurs et plus risqqués de la tour orginale - et vous vous en serviez pour batir une nouvelle tour d'obligations. L'observateur innocent est en droit de se demander: Mais pourquoi utiliser les étages d'une tour de dettes simplement pour créeer une nouvelle tour de dettes? La réponse courte est que ces étages sont trop près du sol. Comme ils sont plus sujets aux inondations - ce sont les premiers à essuyer les poertes - ils ont une notation plus faible: triple-B. Et les obligations triple-B étaient plus difficiles à vendre que les triple-A, situées aux étages supérieurs et plus surs de l'édifice. La réponse longuqe était qu'il y avait d'énormes sommes d'argent à gagner, si vous parveniez à les faire réévaluer en triple-A, en diminuant ainsi le risque percu, aussi malhonnete et artificiel que ce fut. Mais c'est ce que Goldman Sachs avait eut l'intelligence de faire. Leur habile solution - qui serait bientot celle de tout le monde - au problème des étages inférieurs difficiels à vendre semble, avec le recul, presque magique. Ayant rassemblé 100 rez-de-chaussée de 100 tours de suprimes différentes (100 obligations triple-B différentes), ils persuaderent les agences de notation que ces étages n'étaient pas, contraremenet aux apparence, exactement les mêmes. Ils consistuaient un autre portefeuille d'actifs diversifiés! C'était absurde. Les 100 tours étaient bâties dans la même plaine inondable, en cas d'inondation; les 100 rez-de-chaussée étaient tout aussi exposés les uns que les autre. Mais qu'importait: les agence de notation qui touchaines de grosses commisisions de Goldman Sachs et d'autres banques de Wall Street pour chaque titre qu'elles évaluaient, décidérenet que 80% de la nouvelle tour de dettte était tripleA. Le CDO était de fait, un service de blanchissement de crédit pour les Américains des classes modestes. Et pour Wall Street c'était une machine qui transformait le plomb en or."
Emballement - p110:
- "Ainsi pour générer 1 milliard de dollars d'obligations triple -B, Goldman n'avait pas besoin d'émettre 50 milliards de dollars de prêts immobiliers. Il lui suffisait d'inciter Mike Burry, ou qqs autre personne qui ne croyait pas à l'avenir du marché, à choisisr 100 obligations triple-B différentes et à acheter pour 10 millions de dollars de CDS sur chacune d'elles. Une fois que cet assemblage était consituté (on appelait ça un "CDO" synthétique", à savoir, un CDO uniquement composé de CDS), on le présentait à Moody's et Standard & Poor's. [...] La machine qui transformait 100% de plomb en un alliage composé de 80% d'or et à 20% de plomb récupérait le plomb résiduel et en transformait de nouveau 80% en or."
vendredi 18 février 2011
LA CARTE ET LE TERRITOIRE - Michel Houellebecq (2010)
Résumé:
Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël.
Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police.
Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures.
L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.
Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police.
Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures.
L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.
Auteur:
Michel Houellebecq a publié plusieurs romans, Extension du domaine de la lutte, Les particules élémentaires, Plateforme et La possibilité d’une île. Il est aussi l’auteur de poèmes (Le sens du combat, La poursuite du bonheur, Renaissance), d’une étude sur Lovecraft, d’essais (Rester vivant, et Interventions 2) et d’un récit accompagné de photographies (Lanzarote). Il a écrit avec Bernard-Henri Lévy une correspondance, Ennemis publics. Son œuvre est traduite dans une quarantaine de langues.
Avis:
** Découverte du style houellebecq à travers ce livre: qualité d'écriture et longues descriptions agrémente une histoire assez décousue.
** Le livre se lit agréablement même si le fil conducteur artistique se perd par instant.
** La présence de l'auteur dans le livre, ainsi que de nombreuses autres personnalités, est également plutôt déconcertante. Ces aspects pourraient même être assimilés à une sort d'égotisme (= culte de soi-même).
** En conclusion un livre qui tout en se laissant lire, laisse également un sentiment mitigé.
samedi 12 février 2011
STUPEUR ET TREMBLEMENTS - Amélie Nothomb (1999)
Résumé:
Amélie, une jeune femme belge, vient de terminer ses études universitaires. Sa connaissance parfaite du japonais, langue qu'elle maîtrise pour y avoir vécu dans son enfance, lui permet de décrocher un contrat d'un an dans une prestigieuse entreprise de l'empire du soleil levant, la compagnie Yumimoto. Amélie espère réussir dans ce pays qui la fascine tant.
Fascinée par la hiérarchie d'entreprise japonaise, précise et méthodique, la jeune femme l'est d'autant plus par sa supérieure directe, l'intrigante et fière Mademoiselle Mori.
Ses débuts sont déconcertants. Monsieur Saito lui fait rédiger une lettre, réponse à une invitation pour une partie de golf. A peine le courrier est-il terminé que Saito le déchire et ordonne à Amélie de recommencer. La jeune fille va rapidement déchanter à la découverte d'une culture qu'elle ne connaît absolument pas. Ses fréquentes initiatives sont régulièrement sujettes aux réprobations de ses supérieurs. Les humiliations et les vexations se succèdent et la soumission s'installe. Face à cet acharnement, la jeune femme se plie à leurs exigences. Amélie pensait être traductrice, elle finira dame pipi dans les toilettes de l'entreprise.
Auteur:
Amélie Nothomb est née en 1967, au Japon, de parents belges.
Issue d'une très ancienne famille bruxelloise, fille d'ambassadeur elle a passé son enfance et son adolescence en Extrême-Orient, notamment au Japon, en Chine, au Laos, en Birmanie, et au Bangladesh. Polyglotte, elle fait des études de philologie et retourne au Japon où elle travaille comme interprète. Rentrée en Europe, elle se lance dans l'écriture.
Avis:
** Un roman à la limite de l'essai sur les conditions de travail dans une grande entreprise japonaise vu par un œil occidental.
** De manière très maline (voire dans certains cas désopilante), l'auteur décortique un à un tous les codes de l'entreprise au Japon: respect absolu de la hiérarchie, négation de l'individualité au profit du collectif, soumission de la femme, ....
** On pourrait croire à une caricature excessive du monde du travail nippon .. à peine ! C'est d'ailleurs en partie pour cela que le pays du soleil levant est si unique.
** "'Avec stupeur et tremblements' J'ai toujours adoré cette formule qui correspond si bien au jeu des acteurs dans les films de samouraïs, quand ils s'adressent à leur chef, la voix traumatisée par un respect surhumain!"
Amélie, une jeune femme belge, vient de terminer ses études universitaires. Sa connaissance parfaite du japonais, langue qu'elle maîtrise pour y avoir vécu dans son enfance, lui permet de décrocher un contrat d'un an dans une prestigieuse entreprise de l'empire du soleil levant, la compagnie Yumimoto. Amélie espère réussir dans ce pays qui la fascine tant.
Fascinée par la hiérarchie d'entreprise japonaise, précise et méthodique, la jeune femme l'est d'autant plus par sa supérieure directe, l'intrigante et fière Mademoiselle Mori.
Ses débuts sont déconcertants. Monsieur Saito lui fait rédiger une lettre, réponse à une invitation pour une partie de golf. A peine le courrier est-il terminé que Saito le déchire et ordonne à Amélie de recommencer. La jeune fille va rapidement déchanter à la découverte d'une culture qu'elle ne connaît absolument pas. Ses fréquentes initiatives sont régulièrement sujettes aux réprobations de ses supérieurs. Les humiliations et les vexations se succèdent et la soumission s'installe. Face à cet acharnement, la jeune femme se plie à leurs exigences. Amélie pensait être traductrice, elle finira dame pipi dans les toilettes de l'entreprise.
Auteur:
Amélie Nothomb est née en 1967, au Japon, de parents belges.
Issue d'une très ancienne famille bruxelloise, fille d'ambassadeur elle a passé son enfance et son adolescence en Extrême-Orient, notamment au Japon, en Chine, au Laos, en Birmanie, et au Bangladesh. Polyglotte, elle fait des études de philologie et retourne au Japon où elle travaille comme interprète. Rentrée en Europe, elle se lance dans l'écriture.
Avis:
** Un roman à la limite de l'essai sur les conditions de travail dans une grande entreprise japonaise vu par un œil occidental.
** De manière très maline (voire dans certains cas désopilante), l'auteur décortique un à un tous les codes de l'entreprise au Japon: respect absolu de la hiérarchie, négation de l'individualité au profit du collectif, soumission de la femme, ....
** On pourrait croire à une caricature excessive du monde du travail nippon .. à peine ! C'est d'ailleurs en partie pour cela que le pays du soleil levant est si unique.
** "'Avec stupeur et tremblements' J'ai toujours adoré cette formule qui correspond si bien au jeu des acteurs dans les films de samouraïs, quand ils s'adressent à leur chef, la voix traumatisée par un respect surhumain!"
vendredi 11 février 2011
FRANCE, LA FAILLITE ? - Philippe Herlin (2010)
Résumé:
Auteur:
Philippe Herlin est le responsable du premier blog d'information sur la dette de la France, ladettedelafrance. fr. Il est par ailleurs chercheur en finance et chargé de cours au Conservatoire national des arts et métiers. Il vient de publier Finance : le nouveau paradigme.
Avis:
** Analyse très détaillée de la situation actuelle de la dette en France. L'auteur fournit un très grand nombre de chiffres et de faits sur lesquels il s'appuie pour montrer à quel point la situation est inquiétante et n'ira pas en s'améliorant si rien de structurel n'est fait.
** L'un des points les plus intéressants de ses explications est la démonstration du poids de plus en plus important que prend la "charge de la dette" dans les finances de l'Etat (= intérêts que l'Etat doit payer à ses créditeurs, plus on emprunte et plus on aura d'intérêts à payer).
** L'auteur démontre également comment la plupart des solutions évoquées par les politiques ne réponderaient pas voire feraient même empirer la situation. Cependant, la déception de ce livre reste qu'il ne donne finalement pas de vrai solution pour sortir de cette crise de la dette (serait-ce d'ailleurs le but "vendeur" final de ce livre que de faire peur et effrayer jusqu'au point de dire à tout le monde de mettre son argent en sûreté .. ailleurs que dans les banques !).
Où nous mène cette fuite en avant ? A la fois enquête de fond et guide pratique, France, la faillite ? explique comment on en est arrivé à un tel niveau d'endettement, évalue les risques de faillite de l'Etat, et donne les indicateurs à surveiller. Sans imposer une lecture ou un point de vue, Philippe Herlin examine 10 scénarios de " krach de la dette " et les solutions qui pourraient être apportées. Pour la première fois, un livre se penche sur les conséquences concrètes d'une faillite de l'Etat sur la vie quotidienne des Français : quel cataclysme nous attend ? Aurons-nous encore accès à nos comptes bancaires ? Comment protéger son patrimoine, autant que faire se peut ? Car personne ne serait épargné...
Auteur:
Philippe Herlin est le responsable du premier blog d'information sur la dette de la France, ladettedelafrance. fr. Il est par ailleurs chercheur en finance et chargé de cours au Conservatoire national des arts et métiers. Il vient de publier Finance : le nouveau paradigme.
Avis:
** Analyse très détaillée de la situation actuelle de la dette en France. L'auteur fournit un très grand nombre de chiffres et de faits sur lesquels il s'appuie pour montrer à quel point la situation est inquiétante et n'ira pas en s'améliorant si rien de structurel n'est fait.
** L'un des points les plus intéressants de ses explications est la démonstration du poids de plus en plus important que prend la "charge de la dette" dans les finances de l'Etat (= intérêts que l'Etat doit payer à ses créditeurs, plus on emprunte et plus on aura d'intérêts à payer).
** L'auteur démontre également comment la plupart des solutions évoquées par les politiques ne réponderaient pas voire feraient même empirer la situation. Cependant, la déception de ce livre reste qu'il ne donne finalement pas de vrai solution pour sortir de cette crise de la dette (serait-ce d'ailleurs le but "vendeur" final de ce livre que de faire peur et effrayer jusqu'au point de dire à tout le monde de mettre son argent en sûreté .. ailleurs que dans les banques !).
dimanche 6 février 2011
LA DETTE PUBLIQUE, UNE AFFAIRE RENTABLE - André-Jacques Holbec & Philippe Derudder (2008)
Résumé:
"II faut réduire la dette! ". On crie à la faillite ! Tel un père qui demande instamment à ses enfants d'aller ranger leur chambre, notre gouvernement nous dit : " Assez de cette gabegie ! Il est temps de devenir sérieux, remettez vos prétentions sociales au tiroir, l'heure est au travail et aux économies ". Ce qu'on ne nous dit pas, c'est qu'il y a une quarantaine d'années, l'État français n'était pas endetté, à l'instar de la plupart des autres nations, d'ailleurs. En moins de quarante ans nous avons accumulé une dette colossale qui avoisine les 1200 milliards d'euros ! Pourquoi ? S'est-il produit quelque chose qui a fait que l'on ait soudain besoin de recourir à l'emprunt, alors qu'auparavant on se suffisait à nous-mêmes? Et si tel est le cas, qui en bénéficie vraiment ? Qui émet la monnaie ? André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder nous disent les vraies raisons de la dette et dénoncent les mécanismes destructeurs scrupuleusement occultés. Vulgarisateurs de la "chose économique", leur but est de permettre aux citoyens de "savoir ", afin qu'ils ne se laissent pas impressionner par les épouvantails que l'on agite sous leur nez. Afin de comprendre surtout que nous avons tout pour relever l'immense défi humain et écologique de notre temps et que la dette et l'argent ne sont que " vrais-faux " problèmes.
Auteur:
André-Jacques Holbecq, " économiste citoyen ", est très impliqué dans le mouvement altermondialiste depuis plusieurs années.
Philippe Derudder, son expérience de chef d'entreprise l'a conduit à s'interroger sur les contradictions du système. Il démissionne alors et partage depuis lors le fruit de ses recherches et expériences dans ses livres, conférences et ateliers.
Étienne Chouard a été un des principaux artisans, par son blog, de la prise de conscience ayant mené au NON au Traité Constitutionnel Européen en 2005.
Philippe Derudder, son expérience de chef d'entreprise l'a conduit à s'interroger sur les contradictions du système. Il démissionne alors et partage depuis lors le fruit de ses recherches et expériences dans ses livres, conférences et ateliers.
Étienne Chouard a été un des principaux artisans, par son blog, de la prise de conscience ayant mené au NON au Traité Constitutionnel Européen en 2005.
Avis:
** La vraie "perle" et nouveauté de ce livre est l'explication complète de la manière dont est créé la monnaie. Le cœur de cette théorie altermondialiste est que l'Etat n'aurait jamais dûe abandonner, dans les années 70, la souveraineté de la création de la monnaie au profit des banques.
** Grâce à cela, les banques ont donc un avantage absolu, car elles peuvent créer de la monnaie bien au delà des encours dépôts qu'elles ont sur leurs comptes, afin de prêter de l'argent aux entreprises, particuliers et même à l'Etat. En conclusion, les banques font des profits à l'aide d'argent qu'elles n'ont pas en leur possession!
** L'Etat aurait dû garder cette souveraineté afin de lui-même permettre la fludification de l'économie à l'aide d'investissements notamment et surtout en limitant les commissions prélevées actuellement par les banques.
** Grâce à cela, les banques ont donc un avantage absolu, car elles peuvent créer de la monnaie bien au delà des encours dépôts qu'elles ont sur leurs comptes, afin de prêter de l'argent aux entreprises, particuliers et même à l'Etat. En conclusion, les banques font des profits à l'aide d'argent qu'elles n'ont pas en leur possession!
** L'Etat aurait dû garder cette souveraineté afin de lui-même permettre la fludification de l'économie à l'aide d'investissements notamment et surtout en limitant les commissions prélevées actuellement par les banques.
vendredi 4 février 2011
VERS UN NOUVEAU CAPITALISME - Muhammad Yunus (2008)
Résumé:
La puissance du capitalisme peut-elle contribuer à l'éradication de la pauvreté et à la réduction des inégalités ? Pour beaucoup, cela paraît impossible. Pas pour Muhammad Yunus. Le prix Nobel de la Paix 2006 propose dans ce livre une nouvelle forme d'activité économique, complémentaire au modèle classique, permettant de produire des avantages sociaux en ayant recours au libre marché. Tout comme le microcrédit, qui concerne aujourd'hui plus de cent millions de familles dans le monde, ce que le professeur Yunus appelle le social-business pourrait profondément renouveler le capitalisme.
Qu'est-ce qu'un social-business? Une entreprise qui gagne de l'argent mais qui n'est pas tendue exclusivement vers la maximisation du profit. Une entreprise qui consacre ses bénéfices à la diminution des coûts, à la production d'avantages sociaux. Une entreprise qui ne rémunère pas ses actionnaires. Utopie? Les premiers social-business créés par le groupe Grameen témoignent du contraire. La nouvelle révolution à laquelle nous invite le professeur Yunus ouvre la voie à un capitalisme plus juste et plus humain.
Qu'est-ce qu'un social-business? Une entreprise qui gagne de l'argent mais qui n'est pas tendue exclusivement vers la maximisation du profit. Une entreprise qui consacre ses bénéfices à la diminution des coûts, à la production d'avantages sociaux. Une entreprise qui ne rémunère pas ses actionnaires. Utopie? Les premiers social-business créés par le groupe Grameen témoignent du contraire. La nouvelle révolution à laquelle nous invite le professeur Yunus ouvre la voie à un capitalisme plus juste et plus humain.
Auteur:
Muhammad Yunus est né au Bangladesh. Docteur en économie, il est le fondateur et le directeur de la Grameen Bank. En transgressant de nombreux préjugés économiques, il a imposé le microcrédit dans le monde. Pour son action, il a reçu le prix Nobel de la Paix en 2006.
Avis:
** Simple et efficace explication du principe du micro-crédit mise en place par la Grameen Bank créée au Bangladesh par M. Yunus, ainsi que du concept de "social business" mise en place dans de nombreuses autres société créées par M. Yunus.
** L'auteur théorise le fait que le capitalisme dans son état actuel n'est pas "complet", il manque un aspect social, environnemental et humain à ce modèle. Ainsi pour lui, il faut le compléter avec des socials business, sociétés qui n'ont pas comme principal objectif le profit, mais qui doivent être jugées sur les résultats sur la société, l'environnement et les êtres humains.
Citation:
"Pour tous ceux qui veulent créer un monde où la pauvreté n'existerait plus" Intro
mercredi 2 février 2011
Politiques économiques du XXème siècle aux USA
Extraits choisis du livre "The conscience of a liberal" ou "L'Amérique que nous voulons"
Le long âge doré / 1870-1930 / Presque tous Républicains (sauf Grover Cleveland 2 fois & Woodrow Wilson)
- "La persistance d'une inégalité extrême en pleine ère du jazz est un premier élément de preuve pour l'une des thèses centrales de ce livre. Les classes moyennes n'émergent pas automatiquement lorsqu'une économie mûrit. Il faut les créer par l'action politique. Dans les données que nous avons sur le début du XXème siècle, rien n'indique que l'Amérique évoluait spontanément vers la société relativement égalitaire de ma jeunesse. Il a fallu Franklin Roosevelt et le New Deal pour la faire éclore". p 51
- "Qu'est-ce qui explique cette domination conservatrice durable dans un pays où, à en juger par les chiffres, taxer les riches et aider les nécessiteux aurait dû étre une exigence si populaire ? Plusieurs facteurs qui ne sont que trop familiers aux observateurs de la vie politique actuelle, et qui pesaient alors encore plus lourd.
D'abord une réalité: de nombreux travailleurs américains étaient sans droits politiques. En 1910, près de 14% des hommes adultes étaient des immigrés non naturalisés qui n'avaient pas le droit de vote. Et les Noirs du Sud étaient exclus de fait des scrutins par Jim Crow (= c'est à dire les lois ségrétionnistes du Sud). Les immigrés et les Noirs, cela représente près du quart de la population - le quart le plus pauvre, en gros - auquel tout rôle dans le processus politique était refusé. Comme nous le verrons plus loin, la privation des droits politiques est de retour dans l'Amérique actuelle, avec une immigration clandestine massive et le maintien à bas niveau de la participation des Noirs aux élections". p 59
- "Bref, durant le Long Âge doré - comme dans l'Amérique d'aujourd'hui -, les divisions raciales et culturelles entre ceux qui partagaient les mêmes intérêts économiques ont empêché l'émergence d'une offensive politque efficace contre l'extrême inégalité économique. Ce qui différencie cette époque de la nôtre, c'est l'extrême rigidité de ces clivages, nettement plus prononcés qu'aujourd'hui. En même temps, il y avait moins d'esprits assez larges, même parmi les dirigeants politiques, pour concevoir leur dépassement, ce qui nous amène à un autre trait du Long Âge doré: la domination intellectuelle de l'idéologie conservatrice hostile à l'Etat." p72
La grande compression avec le New Deal / 1930-1950 / Tous Démocrates (Franklin Roosevelt & Harry Truman)
- "Les chiffres, nous le verrons confirment ce que pensaient voir tous ces observateurs. L'Amérique des années 1950 était bien une société de classe moyenne, infiniment plus que celle des années 1920 - ou d'aujourd'hui. L'injustice sociale restait omniprésente: la ségrégation dominait encore dans le Sud, le racisme affiché et la discrimination ouverte contre les femmes étaient la norme sur tout le territoire. Mais les simples travailleurs et leurs familles avaient le sentiment, tout à fait justifié, de recevoir une plus grande part de la prospérité nationale qu'ils n'en avaient jamais eu. Et les riches, de leur côté, étaient vraiment beaucoup moins riches qu'à la génération précédente.
Les historiens de l'économie ont donné à la réduction des écarts de revenus qu'ont connue les Etats-Unis entre les années 1920 et les années 1950 (la très forte diminution de la distance entre les riches et la classe ouvrière et le resserrement des différentiels de salaires): "La Grande Compression". Ils ont eu raison de choisir une formule qui fait écho à la "Grande Dépression". Comme la Dépression, la réduction des écarts de revenus a été un événement définitoire dans l'histoire américaine, elle a changé la nature de notre société et de notre vie politique. Toutefois, si la Grande Dépression reste vivante dans nos mémoires, la Grande Compression a été largement oubliée. La mise en place d'une société de classe moyenne, qui semblait naguère un rêve impossible, a fini par paraître tout à fait naturelle." p83
- "Voici comment la courbe de Kuznets est censée fonctionner. Dans les 1ères phases d'un dvlpt, souligne le raisonnement, ceux qui ont de l'argent voient se multiplier les occasions de l'investir, tandis que l'afflux d'une main-d'oeuvre rurale bon marché vers les villes pèse sur les salaires. Donc, lorsqu'un pays s'industrialise, l'inégalité augmente: une élite de riches industriels apparaît tandis que les simples travailleurs restent élisés dans la pauvreté. Autrement dit, le produit naturel du dvlpt est une période d'immense inégalité, comme le Long Âge doré aux Etats-Unis. Puis le capital devient plus abondant, le flux de main-d'oeuvre rurale s'assèche, les salaires commencent à monter et les profits à stagner ou à baisser. La prospérité se diffuse et l'on passe à une économie essentiellement de classe moyenne. [...] Mais au milieu des années 80, on a bien vu que l'histoire ne s'arrêtait pas là, que l'inégalité se remettait à augmenter.[...] Plus on étudie minutieusement cette égalisation, moins elle a l'air d'une réaction progressive à des forces impersonnelles du marché, plus elle ressemble à un changement brutal, largement provoqué par celui du rapport de forces politique. [...] L'appauvrissement relatif de l'élite économique n'a rien eu de graduel: il est survenu brusquement. Ce déclin brutal de la fortune des riches tient presque en un seul mot: l'impôt. p93-95.
- Mais le grand facteur qui explique pourquoi les cols bleus (= ouvriers) gagnaient tellement mieux leur vie dans les années 1950 que dans les années 1920, c'est la montée en puissance des syndicats. p98
- Au cours des années 1930-40, les libéraux ont réussi une remarquable réduction de l'inégalité des revenus, et qu'elle a eu sur l'ensemble de l'économie des effets quasi totalement positifs.
- "Une fois au pouvoir, Franklin Roosevelt a dû persuader l'opinion publique de rejeter les idées reçues et d'accepter des politiques radicalement neuves. S'il a pu surmonter le conservatisme naturel des électeurs, c'est surtout grâce à des accidents de l'histoire. Premièrement le cataclysme économique de 1929-1933, qui avait ôté toute crédibilité aux anciennes éliteset à leur idéologid, tandis que la reprise entamée en 1933, tout incomplète qu'elle était, en conférait aux réformes du New Deal. Deuxièmement, la Seconde Guerre mondiale, qui a créé une situation dans laquelle l'intervention à grande échelle de l'Etat dans l'économie était manifestement nécessaire, et balayé ainsi le scepticisme face aux mesures radicales. Si les USA ne sont pas entrés dans la Seconde Guerre mondiale à seule fin d'effectuer une démonstration gigantesque de l'efficacité de l'Etat, c'est tout de même ce qui s'est passé. Il est devenu très difficile aux conservateurs de prétendre que l'Etat ne pouvait rien entreprendrre correctement, puisque aux USA il s'était révélé capable de diriger une guerre mondiale, et notamment d'organiser une immense mobilisation des ressources nationales." p118
- "Au cours du Long Âge doré, il y avait un obstacle majeur à la constitution d'un mouvement politique efficace pour défendre les travailleurs américains: légalement ou de fait, beaucoup, notamment parmi les moins rémunérés, étaient tout simplement privés du droit de vote. La catégorie la plus importante ainsi exclue était la population afro-américaine du Sud. [...] Le Sud est encore différent à bien des égards du reste des USA. Mais dans les années 1950 c'était vraiment un autre pays - celui de la ségrégation et de la discrimination ouvertes, où le statut inférieur des Noirs étaient consacré par la loi." p 123.
- "En 1935 et 1945, le pourcentage de syndiqués chez les salariés américains est passé de 12 à 35%." p129
Nos plus belles années (30 glorieuses en France) / 1950-1980 / 53-61 Eisenhower, 61-63 Kennedy, 63-69 Johnson, 69-74 Nixon, 74-77 Ford, 77-81 Carter => mise en place des facteurs qui conduiront à la renaissance des inégalités.
- "Néanmoins, je suis de plus en plus persuadé que le rapport de cause à effet opère en grande partie dans l'autre sens - que le changement politique, la polarisation croissante, a été un facteur majeur de la montée des inégalités. C'est pourquoi je propose un autre récit: au cours des année 1970, des éléments révolutionnaires d'extrême droite (= conservatisme de mouvement) décidés à revenir sur les acquis du New Deal se sont emparés du Parti Républicain." p34 "L'argent est la colle forte du conservatisme de mouvement, essentiellement financé par une poignée de super-riches et un certain nombre de grandes entreprises qui ont quelque chose à gagner à la montée de l'inégalité, à la suppression de la fiscalité progressive, à l'abrogation de l'Etat-providence." p 40
-"Economiquement les années 1960 ont été aussi bonnes que possible. Les tumultes et turbulences chaotiques de cette décennie ont eu lieu sur la toile de fond de la meilleure économie que les Etats-Unis aient jamais eue." p145 "La source de tous les maux (émeutes urbaines) était la permissivité des libéraux." P156
-"Les grandes figures de la droite américaine sont des virtuoses de la dog-whistle politics (la politique du sifflet pour chien): ils tiennent des propos qui parlent à certaines catégories sur un mode qui n'est audible qu'à ce seul public cible - et évitent ainsi d'afficher l'extrémisme de leurs positions aux yeux de tous. Ronald Reagan a réussi à indiquer sa sympathie pour le racisme sans jamais prononcer la moindre phrase ouvertement raciste." p180
-"Le conservatisme de mouvement a donc acquis une base populaire de masse en trouvant comment faire appel à deux sentiments très répandus: la "riposte blanche" et la peur paranoïaque du communisme." P192 "La base initiale du conservatisme de mouvement dans les milieux d'affaires se composait essentiellement de petites et moyennes entreprises, qui souvent appartenaient à des particuliers. Et leur fureur avait une cible prioritaire: les syndicats." P193
-"L'intelligentsia du conservatisme de mouvement n'a vraiment pris forme qu'au moment où les "nouveaux conservateurs" ont été rejoints par un groupe tout à fait différent, les "néoconservateurs", et où les uns et les autres ont reçu des postes stables au sein d'une infrastructure puissante." p200 "C'était particulièrement vrai en économie, où The Public Interest, avec la page éditoriale dur Wall Street Journal, s'était fait le principal avocat de l'économie de l'offre. La doctrine des supply-siders, qui prétendaient sans aucune preuve que les réductions d'impôts allaient s'autofinancer, n'a jamais séduit personne dans le monde de la recherche économique professionnelle, même dans son aile conservatrice." p207
-"La campagne de Ronald Reagan en Californie en 1966 a été le premier grand succès électoral du conservatisme de mouvement. Mais la réussite de Reagan a été rejetée dans l'ombre par l'ascension de Richard Nixon vers la présidence et sa victoire écrasante en 1972. Son triomphe ne peut être considéré comme celui du conservatisme de mouvement, car Nixon était une personnalité de transition. S'il a utilisé la stratégie politique du mouvement - qu'il a même dans une large mesure inventée -, il ne partageait pas ses objectifs. Les siens étaient purement personnels. On ne saurait surestimer l'impact de Nixon sur la façon dont on fait de la politique aux Etats-Unis. C'est lui qui a montré comment exploiter les divisions raciales, l'angoisse face à l'évolution sociale et la paranoïa sur les menace étrangères pour détacher peu à peu les ouvriers blancs de la coalition du New Deal." p209 "Nixon n'était pas un conservateur. Ses mesures concrètes, à la différence de ses façons de procéder, ne correspondaient pas du tout aux voeux des conservateurs de mouvement. En politique intérieure, il a gouverné en modéré, voire en libéral: il a augmenté les impôts, éendu les réglementations environnementales et même tenté de créer une assurance maladie nationale." p211
-"Au milieu des années 1970, les conservateurs de mouvement étaient, en un sens, dans la position qu'occupait à la fin des années 1920 ce qui allait devenir le New Deal. Les idées existaient; l'organisation existait : les cadres intellectuels étaient en place; Cependant, pour prendre le pouvoir, ils avaient besoin d'un crise. Il y eut une double crise extèrieure et intérieure. [...] A l'extérieur, chute de Saigon et suivie d'une déferlante de victoires communistes en Asie du Sud-Est et en Afrique et invasion soviétique de l'Afghanistan. A l'intérieur, mauvaise politique et chocs énergétiques, ont créé le cauchemar de la stagflation: un chômage élevé associé à une inflation à deux chiffres." p212
La grande divergence / 1980-2010 / 81-89 Reagan, 89-93 Bush, 93-01 Clinton, 01-09 Bush-"La grande expansion d'après guerre, dont les bénéfices ont été partagés par la quasi-totalité des Américains, a pris fin avec la crise économique des années 1970 (chocs pétroliers en 73, 79 ; inflation incontrôlable ; productivité exsangue)". p214
-"Par conséquent, le commerce des USA avec les pays du Tiers Monde réduit le nombre d'emplois offerts aux travailleurs américains peu qualifiés tout en augmentant la demande de personnels très qualifiés. Il est indéniable que ce phénomène élargit l'écart des salaires entre actifs peu qualifiés et actifs très qualifiés, ce qui contribue à aggraver l'inégalité. [...] Cela dit, il faut bien comprendre cette vérité: l'évolution technologique favorable au travail qualifié, l'immigration et la croissance du commerce internationale ne peuvent expliquer, au mieux, que l'élargissement de l'écart de revenus entre actifs peu instuits et actifs très instruits. Or, cet élargissement ne raconte qu'une partie de l'histoire de la hausse de l'inégalité: c'est vrai que la rémunération de l'instruction a augmenté, mais même les actifs qui ont une formation universitaire ont vu, dans leur immense majorité, la progression de leurs salaires prendre du retard sur la hausse de la productivité." p 231
-"Aux USA, ce nivellement a été inversé à partir des années 1970, et les effets de la Grande Compression ont aujourd'hui entièrement disparu. Au Canada, qui est étroitement lié à l'économie américaine, et en Grande-Bretagne qui a eu sa propre période de domination conservatrice sous Margaret Thatcher, l'inégalité a connu un regain plus limité. Mais au Japon et en France elle a très peu évolué depuis 1980." p237
-"Dans le monde des affaires des années 1960 et 1970, les firmes payaient rarement des salaires mirobilants à des dirigeants au profil de "superstars du management". Elles avaient plutôt tendance à penser que d'énormes salaires au sommet auraient nui à l'esprit d'équipe et créé des problèmes avec le personnel. [...] Et même les conseils d'administration peu convaincus par l'idée du dirigeant superstar finissent par verser ces très gros salaires, à la fois pour s'assurer les services des cadres qu'ils jugent à la hauteur et parce que les marchés financiers se méfieraient d'une entreprise dont le PDG ne serait pas fabuleusement payé." p244 "Le problème des entreprises américaines est que la rémunération des cadres supérieurs est pratiquement indépendante de leurs résultats. En général, l'Amérique des affaires paie ses dirigeants les plus importants comme des fonctionnaires." p247
-"Dans ces conditions, la montée de l'inégalité des revenus devrait faire évoluer l'opinion vers la gauche: les électeurs devraient soutenir d'autant plus énergiquement les politiques qui imposent les riches pour fournir des transferts sociaux au reste de la population. [...] Alors que le parti républicain est parti très loin vers la droite, les sondages suggèrent que, si l'opinion a bougé, c'est en se déplaçant légèrement versla gauche." P290
-"Mais ce n'est pas par des meetings sur l'économie ou la politique étrangère que Reagan a entamé sa marche à la présidence. Durant sa campagne de 1976 pour briguer l'investiture républicaine, il s'est fait remarquer en exagérant grossièrement un cas de fraude aux allocations à Chicago [...] Il n'a pas précisé la couleur des a peau: il n'en avait pas besoin. [...] Quand on pense à tout ce qui s'est écrit sur les bouleversements de la politique américaine depuis une gnération [...] l'essentiel tient en quelques mots: les Blancs du Sud se sont mis à voter républicain." p295
-"Les efforts du conservatisme de mouvement pour se présenter en seul défenseur du pays." p309
La nouvelle politique de l'égalité / 2010 - ...-"La victoire démocrate aux élections de mi-mandat 2006 a été un choc pour beaucoup, même si les sondages l'avaient annoncée longtemps à l'avance. […] Persuadés que les républicains avaient une emprise solide sur le pouvoir, certains ne pouvaient croire ce que répétaient les sondages: que le peuple en avait assez. [...] Cette élection marque la fin de la fugace renaissance républicaine suscitée par la réaction de l'administration Bush aux attentats terroristes du 11 septembre ; on en revient aux tendances politiques et démographiques de fond qui mènent à une majorité démocrate et de centre gauche des Etats-Unis." p329 et p343
-"Cela dit, les conservateurs de mouvement ont remporté des élections même quand l'opinion n'était pas obsédé par la sécurité nationale. Le ressort le plus important et durable de cette puissance électorale a été le racisme - l'aptitude à gagner les voix d'une partie des électeurs blancs en alimentant, au moins implicitement, leur peur des Noirs. Cette source de succès ne s'est pas tarie. Cependant, on a de bonnes raisons de penser que la question raciale perd de sa force." p342
-"Aux USA, cas unique parmi les pays riches, ce quelqu'un d'autre est en général une compagnie d'assurance privée. Partout ailleurs, l'assurance maladie est, pour l'essentiel, organisée par l'Etat, et financée par l'impôt ou des cotisations sociales. Même aux USAs une caisse d'assurance maladie alimentée par les contribuables, Medicare, couvre tout le monde après soixante-cinq ans, et un autre programme de l'Etat, Medicaid, protège ceux qui n'ont pas les moyens de s'assurer (pas tous). Mais la grande majorité des Américains qui ont une assurance maladie l'obtiennent du secteur privé. Ce recours aux compagnies d'assurances fait aussi des Etats-Unis le seul pays avancé où un gros pourcentage de la population - environ 15% - n'est pas du tout assuré." p357
-"Aucun de ces coûts n'existe dans un système d'assurance maladie universel où l'assureur, c'est l'Etat. Si l'assurance maladie est un droit pour tous, nul besoin de faire un tri pour éliminer les clients à haut risque. [...] Voilà pourquoi les systèmes d'assurance maladie publics sont beaucoup moins bureaucratiques que les compagnies d'assurances, et ont des frais de gestion très inférieurs." p364
-"Il ressort de tout cela que les arguments en faveur d'une réforme du système de santé sont aujourd'hui moins fragiles qu'en 1993. Clinton n'a eu qu'une courte période propice à la réforme, puis l'opinion s'est focalisée sur d'autres sujets. Cette fois, on a du mal à imaginer ce qui pourrait atténuer le sentiment populaire qu'il faut absolument agir: on ne voit pas comment les adversaires de la réforme pourraient affirmer qu'il n'y a pas de crise." p382
Comparaison avec le système français
-"Si vous vivez une période difficile - ou que votre vie ait toujours été difficile -, il vaut nettement mieux pour vous être français qu'américains. En France, si vous perdez votre emploi et que vous deviez en accepter un autre moins rémunéré, vous n'avez pas peur de perdre votre assurance maladie, car elle alors prises en charge par l'Etat. Si vous êtes chômeurs de longue durée, l'Etat et les institutions de la protection sociale vous aident à rester nourri et logé. S'il vous est financièrement difficile d'élever vos enfants, l'Etat vous verse des allocations supplémentaires, et vous aide à les faire garder pendant la journée. On ne vous garantit pas une vie confortable, mais les membres de votre famille, en particulier vos enfants, sont protégés des expériences de privation matérielles vraiment érpouvante. En revacnhe, si vous avez une situation en or, être français a ses inconvénients. Les taux d'imposition sur le revenu sont un peu plus hauts qu'aux USA, et les cotisations sociales, en particulier les charges payées formellement par les employeurs mais en réalité financées par le travail et déduites des salaires, beaucoup plus élevées. Le coût de la vie en France est supérieur au nôtre. De sorte qu'un Français que nous situerions dans la classe moyenne-supérieure a nettement moins de pouvoir d'achat qu'un Américain qui reçoit la même rémunération brute." p 413
-"Très probablement, en France, la conjonction de la gratuité de l'enseignement et d'un soutien financier public permet aux jeunes des familles à faibles revenus de se concentrer sur leurs études, tandis qu'en Amérique ils doivent se déscolariser ou travailler pour payer leurs études. Ce qui paraît étre un vertu, non un vice, du système français. Quand ils atteignent l'âge de plein activité les Français ont exactement autant de chances que nous d'avoir un emploi - réalité qui contredit radicalement l'image, fréquente dans les dépêches d'agences américaines, d'une population active largement oisive. Il n'y a qu'une domaine où les Français ont un problème sérieux - et, soyons clair, c'est un problème très important: les faibles taux d'activité et d'emploi des travailleurs vieillissants; Cette situation est due à certaines erreurs politiques majeurs, notammenet la décision, prise il y a un quart de sicèle, d'abaisser à soixante ans, l'âge auquel les salariés ont droit à une retraite complète. Cette mesure a eu le double effet d'encourager les départs à la retraite anticipés et d'imposer un lourd fardeau financier. Donc, les Français font des erreurs. Mais dire que la France a mal géré sa politique des retraites n'est pas du tout la même chose que de déclarer l'économie française paralysée par un Etat-providence surdimensionné."
- "La persistance d'une inégalité extrême en pleine ère du jazz est un premier élément de preuve pour l'une des thèses centrales de ce livre. Les classes moyennes n'émergent pas automatiquement lorsqu'une économie mûrit. Il faut les créer par l'action politique. Dans les données que nous avons sur le début du XXème siècle, rien n'indique que l'Amérique évoluait spontanément vers la société relativement égalitaire de ma jeunesse. Il a fallu Franklin Roosevelt et le New Deal pour la faire éclore". p 51
- "Qu'est-ce qui explique cette domination conservatrice durable dans un pays où, à en juger par les chiffres, taxer les riches et aider les nécessiteux aurait dû étre une exigence si populaire ? Plusieurs facteurs qui ne sont que trop familiers aux observateurs de la vie politique actuelle, et qui pesaient alors encore plus lourd.
D'abord une réalité: de nombreux travailleurs américains étaient sans droits politiques. En 1910, près de 14% des hommes adultes étaient des immigrés non naturalisés qui n'avaient pas le droit de vote. Et les Noirs du Sud étaient exclus de fait des scrutins par Jim Crow (= c'est à dire les lois ségrétionnistes du Sud). Les immigrés et les Noirs, cela représente près du quart de la population - le quart le plus pauvre, en gros - auquel tout rôle dans le processus politique était refusé. Comme nous le verrons plus loin, la privation des droits politiques est de retour dans l'Amérique actuelle, avec une immigration clandestine massive et le maintien à bas niveau de la participation des Noirs aux élections". p 59
- "Bref, durant le Long Âge doré - comme dans l'Amérique d'aujourd'hui -, les divisions raciales et culturelles entre ceux qui partagaient les mêmes intérêts économiques ont empêché l'émergence d'une offensive politque efficace contre l'extrême inégalité économique. Ce qui différencie cette époque de la nôtre, c'est l'extrême rigidité de ces clivages, nettement plus prononcés qu'aujourd'hui. En même temps, il y avait moins d'esprits assez larges, même parmi les dirigeants politiques, pour concevoir leur dépassement, ce qui nous amène à un autre trait du Long Âge doré: la domination intellectuelle de l'idéologie conservatrice hostile à l'Etat." p72
La grande compression avec le New Deal / 1930-1950 / Tous Démocrates (Franklin Roosevelt & Harry Truman)
- "Les chiffres, nous le verrons confirment ce que pensaient voir tous ces observateurs. L'Amérique des années 1950 était bien une société de classe moyenne, infiniment plus que celle des années 1920 - ou d'aujourd'hui. L'injustice sociale restait omniprésente: la ségrégation dominait encore dans le Sud, le racisme affiché et la discrimination ouverte contre les femmes étaient la norme sur tout le territoire. Mais les simples travailleurs et leurs familles avaient le sentiment, tout à fait justifié, de recevoir une plus grande part de la prospérité nationale qu'ils n'en avaient jamais eu. Et les riches, de leur côté, étaient vraiment beaucoup moins riches qu'à la génération précédente.
Les historiens de l'économie ont donné à la réduction des écarts de revenus qu'ont connue les Etats-Unis entre les années 1920 et les années 1950 (la très forte diminution de la distance entre les riches et la classe ouvrière et le resserrement des différentiels de salaires): "La Grande Compression". Ils ont eu raison de choisir une formule qui fait écho à la "Grande Dépression". Comme la Dépression, la réduction des écarts de revenus a été un événement définitoire dans l'histoire américaine, elle a changé la nature de notre société et de notre vie politique. Toutefois, si la Grande Dépression reste vivante dans nos mémoires, la Grande Compression a été largement oubliée. La mise en place d'une société de classe moyenne, qui semblait naguère un rêve impossible, a fini par paraître tout à fait naturelle." p83
- "Voici comment la courbe de Kuznets est censée fonctionner. Dans les 1ères phases d'un dvlpt, souligne le raisonnement, ceux qui ont de l'argent voient se multiplier les occasions de l'investir, tandis que l'afflux d'une main-d'oeuvre rurale bon marché vers les villes pèse sur les salaires. Donc, lorsqu'un pays s'industrialise, l'inégalité augmente: une élite de riches industriels apparaît tandis que les simples travailleurs restent élisés dans la pauvreté. Autrement dit, le produit naturel du dvlpt est une période d'immense inégalité, comme le Long Âge doré aux Etats-Unis. Puis le capital devient plus abondant, le flux de main-d'oeuvre rurale s'assèche, les salaires commencent à monter et les profits à stagner ou à baisser. La prospérité se diffuse et l'on passe à une économie essentiellement de classe moyenne. [...] Mais au milieu des années 80, on a bien vu que l'histoire ne s'arrêtait pas là, que l'inégalité se remettait à augmenter.[...] Plus on étudie minutieusement cette égalisation, moins elle a l'air d'une réaction progressive à des forces impersonnelles du marché, plus elle ressemble à un changement brutal, largement provoqué par celui du rapport de forces politique. [...] L'appauvrissement relatif de l'élite économique n'a rien eu de graduel: il est survenu brusquement. Ce déclin brutal de la fortune des riches tient presque en un seul mot: l'impôt. p93-95.
- Mais le grand facteur qui explique pourquoi les cols bleus (= ouvriers) gagnaient tellement mieux leur vie dans les années 1950 que dans les années 1920, c'est la montée en puissance des syndicats. p98
- Au cours des années 1930-40, les libéraux ont réussi une remarquable réduction de l'inégalité des revenus, et qu'elle a eu sur l'ensemble de l'économie des effets quasi totalement positifs.
- "Une fois au pouvoir, Franklin Roosevelt a dû persuader l'opinion publique de rejeter les idées reçues et d'accepter des politiques radicalement neuves. S'il a pu surmonter le conservatisme naturel des électeurs, c'est surtout grâce à des accidents de l'histoire. Premièrement le cataclysme économique de 1929-1933, qui avait ôté toute crédibilité aux anciennes éliteset à leur idéologid, tandis que la reprise entamée en 1933, tout incomplète qu'elle était, en conférait aux réformes du New Deal. Deuxièmement, la Seconde Guerre mondiale, qui a créé une situation dans laquelle l'intervention à grande échelle de l'Etat dans l'économie était manifestement nécessaire, et balayé ainsi le scepticisme face aux mesures radicales. Si les USA ne sont pas entrés dans la Seconde Guerre mondiale à seule fin d'effectuer une démonstration gigantesque de l'efficacité de l'Etat, c'est tout de même ce qui s'est passé. Il est devenu très difficile aux conservateurs de prétendre que l'Etat ne pouvait rien entreprendrre correctement, puisque aux USA il s'était révélé capable de diriger une guerre mondiale, et notamment d'organiser une immense mobilisation des ressources nationales." p118
- "Au cours du Long Âge doré, il y avait un obstacle majeur à la constitution d'un mouvement politique efficace pour défendre les travailleurs américains: légalement ou de fait, beaucoup, notamment parmi les moins rémunérés, étaient tout simplement privés du droit de vote. La catégorie la plus importante ainsi exclue était la population afro-américaine du Sud. [...] Le Sud est encore différent à bien des égards du reste des USA. Mais dans les années 1950 c'était vraiment un autre pays - celui de la ségrégation et de la discrimination ouvertes, où le statut inférieur des Noirs étaient consacré par la loi." p 123.
- "En 1935 et 1945, le pourcentage de syndiqués chez les salariés américains est passé de 12 à 35%." p129
Nos plus belles années (30 glorieuses en France) / 1950-1980 / 53-61 Eisenhower, 61-63 Kennedy, 63-69 Johnson, 69-74 Nixon, 74-77 Ford, 77-81 Carter => mise en place des facteurs qui conduiront à la renaissance des inégalités.
- "Néanmoins, je suis de plus en plus persuadé que le rapport de cause à effet opère en grande partie dans l'autre sens - que le changement politique, la polarisation croissante, a été un facteur majeur de la montée des inégalités. C'est pourquoi je propose un autre récit: au cours des année 1970, des éléments révolutionnaires d'extrême droite (= conservatisme de mouvement) décidés à revenir sur les acquis du New Deal se sont emparés du Parti Républicain." p34 "L'argent est la colle forte du conservatisme de mouvement, essentiellement financé par une poignée de super-riches et un certain nombre de grandes entreprises qui ont quelque chose à gagner à la montée de l'inégalité, à la suppression de la fiscalité progressive, à l'abrogation de l'Etat-providence." p 40
-"Economiquement les années 1960 ont été aussi bonnes que possible. Les tumultes et turbulences chaotiques de cette décennie ont eu lieu sur la toile de fond de la meilleure économie que les Etats-Unis aient jamais eue." p145 "La source de tous les maux (émeutes urbaines) était la permissivité des libéraux." P156
-"Les grandes figures de la droite américaine sont des virtuoses de la dog-whistle politics (la politique du sifflet pour chien): ils tiennent des propos qui parlent à certaines catégories sur un mode qui n'est audible qu'à ce seul public cible - et évitent ainsi d'afficher l'extrémisme de leurs positions aux yeux de tous. Ronald Reagan a réussi à indiquer sa sympathie pour le racisme sans jamais prononcer la moindre phrase ouvertement raciste." p180
-"Le conservatisme de mouvement a donc acquis une base populaire de masse en trouvant comment faire appel à deux sentiments très répandus: la "riposte blanche" et la peur paranoïaque du communisme." P192 "La base initiale du conservatisme de mouvement dans les milieux d'affaires se composait essentiellement de petites et moyennes entreprises, qui souvent appartenaient à des particuliers. Et leur fureur avait une cible prioritaire: les syndicats." P193
-"L'intelligentsia du conservatisme de mouvement n'a vraiment pris forme qu'au moment où les "nouveaux conservateurs" ont été rejoints par un groupe tout à fait différent, les "néoconservateurs", et où les uns et les autres ont reçu des postes stables au sein d'une infrastructure puissante." p200 "C'était particulièrement vrai en économie, où The Public Interest, avec la page éditoriale dur Wall Street Journal, s'était fait le principal avocat de l'économie de l'offre. La doctrine des supply-siders, qui prétendaient sans aucune preuve que les réductions d'impôts allaient s'autofinancer, n'a jamais séduit personne dans le monde de la recherche économique professionnelle, même dans son aile conservatrice." p207
-"La campagne de Ronald Reagan en Californie en 1966 a été le premier grand succès électoral du conservatisme de mouvement. Mais la réussite de Reagan a été rejetée dans l'ombre par l'ascension de Richard Nixon vers la présidence et sa victoire écrasante en 1972. Son triomphe ne peut être considéré comme celui du conservatisme de mouvement, car Nixon était une personnalité de transition. S'il a utilisé la stratégie politique du mouvement - qu'il a même dans une large mesure inventée -, il ne partageait pas ses objectifs. Les siens étaient purement personnels. On ne saurait surestimer l'impact de Nixon sur la façon dont on fait de la politique aux Etats-Unis. C'est lui qui a montré comment exploiter les divisions raciales, l'angoisse face à l'évolution sociale et la paranoïa sur les menace étrangères pour détacher peu à peu les ouvriers blancs de la coalition du New Deal." p209 "Nixon n'était pas un conservateur. Ses mesures concrètes, à la différence de ses façons de procéder, ne correspondaient pas du tout aux voeux des conservateurs de mouvement. En politique intérieure, il a gouverné en modéré, voire en libéral: il a augmenté les impôts, éendu les réglementations environnementales et même tenté de créer une assurance maladie nationale." p211
-"Au milieu des années 1970, les conservateurs de mouvement étaient, en un sens, dans la position qu'occupait à la fin des années 1920 ce qui allait devenir le New Deal. Les idées existaient; l'organisation existait : les cadres intellectuels étaient en place; Cependant, pour prendre le pouvoir, ils avaient besoin d'un crise. Il y eut une double crise extèrieure et intérieure. [...] A l'extérieur, chute de Saigon et suivie d'une déferlante de victoires communistes en Asie du Sud-Est et en Afrique et invasion soviétique de l'Afghanistan. A l'intérieur, mauvaise politique et chocs énergétiques, ont créé le cauchemar de la stagflation: un chômage élevé associé à une inflation à deux chiffres." p212
La grande divergence / 1980-2010 / 81-89 Reagan, 89-93 Bush, 93-01 Clinton, 01-09 Bush-"La grande expansion d'après guerre, dont les bénéfices ont été partagés par la quasi-totalité des Américains, a pris fin avec la crise économique des années 1970 (chocs pétroliers en 73, 79 ; inflation incontrôlable ; productivité exsangue)". p214
-"Par conséquent, le commerce des USA avec les pays du Tiers Monde réduit le nombre d'emplois offerts aux travailleurs américains peu qualifiés tout en augmentant la demande de personnels très qualifiés. Il est indéniable que ce phénomène élargit l'écart des salaires entre actifs peu qualifiés et actifs très qualifiés, ce qui contribue à aggraver l'inégalité. [...] Cela dit, il faut bien comprendre cette vérité: l'évolution technologique favorable au travail qualifié, l'immigration et la croissance du commerce internationale ne peuvent expliquer, au mieux, que l'élargissement de l'écart de revenus entre actifs peu instuits et actifs très instruits. Or, cet élargissement ne raconte qu'une partie de l'histoire de la hausse de l'inégalité: c'est vrai que la rémunération de l'instruction a augmenté, mais même les actifs qui ont une formation universitaire ont vu, dans leur immense majorité, la progression de leurs salaires prendre du retard sur la hausse de la productivité." p 231
-"Aux USA, ce nivellement a été inversé à partir des années 1970, et les effets de la Grande Compression ont aujourd'hui entièrement disparu. Au Canada, qui est étroitement lié à l'économie américaine, et en Grande-Bretagne qui a eu sa propre période de domination conservatrice sous Margaret Thatcher, l'inégalité a connu un regain plus limité. Mais au Japon et en France elle a très peu évolué depuis 1980." p237
-"Dans le monde des affaires des années 1960 et 1970, les firmes payaient rarement des salaires mirobilants à des dirigeants au profil de "superstars du management". Elles avaient plutôt tendance à penser que d'énormes salaires au sommet auraient nui à l'esprit d'équipe et créé des problèmes avec le personnel. [...] Et même les conseils d'administration peu convaincus par l'idée du dirigeant superstar finissent par verser ces très gros salaires, à la fois pour s'assurer les services des cadres qu'ils jugent à la hauteur et parce que les marchés financiers se méfieraient d'une entreprise dont le PDG ne serait pas fabuleusement payé." p244 "Le problème des entreprises américaines est que la rémunération des cadres supérieurs est pratiquement indépendante de leurs résultats. En général, l'Amérique des affaires paie ses dirigeants les plus importants comme des fonctionnaires." p247
-"Dans ces conditions, la montée de l'inégalité des revenus devrait faire évoluer l'opinion vers la gauche: les électeurs devraient soutenir d'autant plus énergiquement les politiques qui imposent les riches pour fournir des transferts sociaux au reste de la population. [...] Alors que le parti républicain est parti très loin vers la droite, les sondages suggèrent que, si l'opinion a bougé, c'est en se déplaçant légèrement versla gauche." P290
-"Mais ce n'est pas par des meetings sur l'économie ou la politique étrangère que Reagan a entamé sa marche à la présidence. Durant sa campagne de 1976 pour briguer l'investiture républicaine, il s'est fait remarquer en exagérant grossièrement un cas de fraude aux allocations à Chicago [...] Il n'a pas précisé la couleur des a peau: il n'en avait pas besoin. [...] Quand on pense à tout ce qui s'est écrit sur les bouleversements de la politique américaine depuis une gnération [...] l'essentiel tient en quelques mots: les Blancs du Sud se sont mis à voter républicain." p295
-"Les efforts du conservatisme de mouvement pour se présenter en seul défenseur du pays." p309
La nouvelle politique de l'égalité / 2010 - ...-"La victoire démocrate aux élections de mi-mandat 2006 a été un choc pour beaucoup, même si les sondages l'avaient annoncée longtemps à l'avance. […] Persuadés que les républicains avaient une emprise solide sur le pouvoir, certains ne pouvaient croire ce que répétaient les sondages: que le peuple en avait assez. [...] Cette élection marque la fin de la fugace renaissance républicaine suscitée par la réaction de l'administration Bush aux attentats terroristes du 11 septembre ; on en revient aux tendances politiques et démographiques de fond qui mènent à une majorité démocrate et de centre gauche des Etats-Unis." p329 et p343
-"Cela dit, les conservateurs de mouvement ont remporté des élections même quand l'opinion n'était pas obsédé par la sécurité nationale. Le ressort le plus important et durable de cette puissance électorale a été le racisme - l'aptitude à gagner les voix d'une partie des électeurs blancs en alimentant, au moins implicitement, leur peur des Noirs. Cette source de succès ne s'est pas tarie. Cependant, on a de bonnes raisons de penser que la question raciale perd de sa force." p342
-"Aux USA, cas unique parmi les pays riches, ce quelqu'un d'autre est en général une compagnie d'assurance privée. Partout ailleurs, l'assurance maladie est, pour l'essentiel, organisée par l'Etat, et financée par l'impôt ou des cotisations sociales. Même aux USAs une caisse d'assurance maladie alimentée par les contribuables, Medicare, couvre tout le monde après soixante-cinq ans, et un autre programme de l'Etat, Medicaid, protège ceux qui n'ont pas les moyens de s'assurer (pas tous). Mais la grande majorité des Américains qui ont une assurance maladie l'obtiennent du secteur privé. Ce recours aux compagnies d'assurances fait aussi des Etats-Unis le seul pays avancé où un gros pourcentage de la population - environ 15% - n'est pas du tout assuré." p357
-"Aucun de ces coûts n'existe dans un système d'assurance maladie universel où l'assureur, c'est l'Etat. Si l'assurance maladie est un droit pour tous, nul besoin de faire un tri pour éliminer les clients à haut risque. [...] Voilà pourquoi les systèmes d'assurance maladie publics sont beaucoup moins bureaucratiques que les compagnies d'assurances, et ont des frais de gestion très inférieurs." p364
-"Il ressort de tout cela que les arguments en faveur d'une réforme du système de santé sont aujourd'hui moins fragiles qu'en 1993. Clinton n'a eu qu'une courte période propice à la réforme, puis l'opinion s'est focalisée sur d'autres sujets. Cette fois, on a du mal à imaginer ce qui pourrait atténuer le sentiment populaire qu'il faut absolument agir: on ne voit pas comment les adversaires de la réforme pourraient affirmer qu'il n'y a pas de crise." p382
Comparaison avec le système français
-"Si vous vivez une période difficile - ou que votre vie ait toujours été difficile -, il vaut nettement mieux pour vous être français qu'américains. En France, si vous perdez votre emploi et que vous deviez en accepter un autre moins rémunéré, vous n'avez pas peur de perdre votre assurance maladie, car elle alors prises en charge par l'Etat. Si vous êtes chômeurs de longue durée, l'Etat et les institutions de la protection sociale vous aident à rester nourri et logé. S'il vous est financièrement difficile d'élever vos enfants, l'Etat vous verse des allocations supplémentaires, et vous aide à les faire garder pendant la journée. On ne vous garantit pas une vie confortable, mais les membres de votre famille, en particulier vos enfants, sont protégés des expériences de privation matérielles vraiment érpouvante. En revacnhe, si vous avez une situation en or, être français a ses inconvénients. Les taux d'imposition sur le revenu sont un peu plus hauts qu'aux USA, et les cotisations sociales, en particulier les charges payées formellement par les employeurs mais en réalité financées par le travail et déduites des salaires, beaucoup plus élevées. Le coût de la vie en France est supérieur au nôtre. De sorte qu'un Français que nous situerions dans la classe moyenne-supérieure a nettement moins de pouvoir d'achat qu'un Américain qui reçoit la même rémunération brute." p 413
-"Très probablement, en France, la conjonction de la gratuité de l'enseignement et d'un soutien financier public permet aux jeunes des familles à faibles revenus de se concentrer sur leurs études, tandis qu'en Amérique ils doivent se déscolariser ou travailler pour payer leurs études. Ce qui paraît étre un vertu, non un vice, du système français. Quand ils atteignent l'âge de plein activité les Français ont exactement autant de chances que nous d'avoir un emploi - réalité qui contredit radicalement l'image, fréquente dans les dépêches d'agences américaines, d'une population active largement oisive. Il n'y a qu'une domaine où les Français ont un problème sérieux - et, soyons clair, c'est un problème très important: les faibles taux d'activité et d'emploi des travailleurs vieillissants; Cette situation est due à certaines erreurs politiques majeurs, notammenet la décision, prise il y a un quart de sicèle, d'abaisser à soixante ans, l'âge auquel les salariés ont droit à une retraite complète. Cette mesure a eu le double effet d'encourager les départs à la retraite anticipés et d'imposer un lourd fardeau financier. Donc, les Français font des erreurs. Mais dire que la France a mal géré sa politique des retraites n'est pas du tout la même chose que de déclarer l'économie française paralysée par un Etat-providence surdimensionné."
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