dimanche 20 février 2011

Créer un meilleur capitalisme avec les social business

Extraits choisis du livre "Creating a world without poverty" ou "Vers un nouveau capitalisme"

Créer un social business avec Danone:
- "J'ai fait une suggestion à Franck et à ses collègues : comme vous le savez, la population du Bangladesh est l'une des plus pauvres de la planète. La malnutritution est un problème terrible, surtout chez les enfants. Elle a des conséquences désastrueuses sur leur santé lorsqu'ils grandissent. Votre entreprise est un important producteur d'alimentes à haute valeur nutritive. Que dirirez-vous de créer une joint venture afin d'apporter certains de vos produits jusqu'aux villages du Bangladesh ? Nous pourrions fonder une société que nous détiendrions en commun et que nous appellerions Grameen Danone qui amélioreraient le régime des Bangladais des campagnes, particulièrement des enfants. Si ces produits étaient vendus à bas prix, nous pourrions véritablement changer la vie de millions de personnes." p18
- "Des institutions financères d'un genre nouveau pourront enfin être créées pour répondre aux besoins financiers des social-business: des fonds de capital risque sociaux, des fonds sociaux et, bien sûr, un marché boursier social. [...] Alors que le projet avançait très vite au Bangladesh, la direction de Danone à Paris cherchait des réponses aux inévitables questions auxquelles elle allait devoir faire face au moment du lancement d'un social-business: 'Comment osez-vous investir notre argent dans un projet qui ne crée pas de profit pour nous ?' [...] Depuis plusieurs années Emmanuel Faber avait discuté et débattu des défis que présentait le financement d'activités à caractère social avec des amis gestionnaires de certains des plus importants fonds de pensions et de placements américains et européens. [...] Un modèle économique hybride: double ou triple résultat, cad en évaluant le succès d'une entreprise à l'aune non seulement de son résultat comptable, mais aussi de sa performance sociale et environnementale. L'ide d'un modèle économique 'hybride' repose sur l'existence d'investisseurs soucieux de donner une 'valeur sociale' à leur argent." p268


Définition d'un social business:
- " La répartition du revenu mondial nous le confirme: 94% du revenu mondial revient à 40% de la population, alors que les 60% restants doivent vivre avec seulement 6% du revenu mondial. La moitié de l'humanité vit avec 2 dollars par jour ou moins ; près d'un milliard de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour. [...] Certains pays ont cependant payé au prix fort leurs succès économiques des trois dernières décennies. Depuis que la Chine a engagé des réformes économiques à la fin des années 1970, elle a connu une croissance rapide ; selon la Banque mondiale, plus de 400 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté.  [...] Mais ces progrès économiques se sont accompagnés d'une aggravation des problèmes sociaux. Obsédées par cette course à la croissance, les autorités chinoises ont détourné le regard lorsque les entreprises ont pollué l'eau et l'air. Et, malgré l'amélioration du sort de nombreux pauvre, la distance séparant les nantis des démunis a augmenté." p26
- "La Grameen Bank a mis au point un système d'évaluation comprenant cinq étoiles ainsi qu'un mécanisme d'incitations pour son personnel et ses succursales. Si un membre du personnel obtient un taux de remboursement de 100% pour la totalité de ses emprunteurs (un employé de la Grameen Bank a généralement la charge de six cents emprunteurs), il reçoit une étoile verte. Si son travail crée du profit, il obtient une autre étoile, bleue cette fois-ci. Si le total des dépôts qu'il mobilise est supérieur au montant de ses encours de crédit, il gagne une étoile de couleur violette. S'il assure que tous les enfants de tous ses emprunteurs vont à l'école, une étoile marron lui est décernée. Enfin, si tous ses emprunteurs sortent de la pauvreté, il recevra une étoile rouge. Les membres du personne peuvent porter leurs étoiles sur leur poitrine. Ils sont extrêmement fiers de leurs succès." p42
- " Je ne pense pas que les choses aillent mal en raison de 'défaillance du marché'. Le problème est beaucoup plus profond que cela. La théorie du libre marché souffre d'une 'défaillance de conceptualisation', d'une incapacité à saisir l'essence même de l'humain. Dans la théorie classique de l'entreprise, un être unidimensionnel joue le rôle du chef d'entreprise, celui qu'on appelle entrepreneur. Il a été isolé du reste de la vie - la religion, les émotions, le politique et le social. Il ne connaît qu'une mission: maximiser le profit. Il est soutenu par un autre être humain unidimensionnel qui investit de l'argent dans son entreprise. Pour citer Oscar Wilde, ils connaissent le prix de toute chose mais la valeur de rien. Notre économique a créé un monde unidimensionnel peuplé par ceux qui se consacrent au jeu de la concurrence et pour qui la victoire ne se mesure qu'à l'aune du profit. Et comme cette théorie nous a convaincus que la recherche du profit constituait le meilleur moyen d'apporter le bonheur à l'espèce humaine, nous imitons avec enthousisasme la théorie en nous efforçant de nous transformer en êtres unidimensionnels. Et le monde d'aujourd'hui est si fasciné par le succès du capitalisme qu'il n'ose pas mettre en doute le systèem sous-jacent à la théorie économique. La réalité est néanmoins très différente de la théorie. Les individus ne sont pas des entités unidimensionnelles ; ils sont passionnément multidimensionnels. Leurs émotions, leurs croyances, leurs priorités, les motifs de leur comportement peuvent être comparés aux millions de nuances que sont susceptibles de produire les trois couleurs primaires. Même les capitalistes les plus célèbres oint en partage une grande variété d'intérêtrs et de motivations (Bill Gates, Rockefeller). Les multiples facettes de nos personnalités indiquent que toutes les entreprirse ne devraient pas se consacrer au seul objectif de maximisation du profit. Et c'est ici que le concept de social-business fait sont entrée." p49

- "Ils ont l'intention de placer leur argent pour en faire profiter la collectivité, et ils voudront être certains que leur investissement produira les gains sociaux maximaux. Comme un investisseur recherchant le profit cherche à maximiser son espérance de fains, qu'il s'agisse des dividendes anticipés ou de la croissance attendue du cours de l'action, un investisseur social voudra savoir comment le social-business considéré pense traiter le problème social auquel il s'attaque. La concurrence entre social-business les obligera à accroître leur efficacité et à mieux servir les individus ainsi que la planète. C'est l'une des grandes forces du concept de social-business: il introduit les avantages des marchés concurrentiels dans le chamap du progrès social." p60

Définition du microcrédit avec la Grameen Bank:
- "Mais mes arguments ne servaient à rien. En réalité, les 'vrais banquiers' ne voulaient pas prêter aux pauvres des sommes infimes. Il était plus simple et plus rentable d'accorder à des personnes présentant de multiples garanties des prêts moins nombreux mais pour des montants plus importants, même si ces prêts risquaient finalement de ne pas être remboursés. Comme je ne voyais pas comment modifier les règles appliquées par les banquiers, je décidai de créer une banque dédiée aux pauvres: une banque qui accorderait des prêts sans réclamer de garantie ou d'historique de crédit, et qui n'aurait recours à aucun instrument juridique. J'ai continué à supplier le gouvernement de transformer notre projet en une banque disposant d'un statut particulier. Et j'ai fini par réussir. En 1983, la 'banque des pauvres' fut créée dans un cadre fixé par une loi ad hoc. Nous l'avons appelée 'Grameen Bank' (= banque du village')." p91
- "Mais les travailleurs pauvres, qui ne peuvent pas avoir de carte de crédit, sont contraints de contracter des 'prêts du jour de paie'. Les frais et les charges d'intérêts appliqués à ces prêts peuvent représenter un taux d'intérêt annuel de 250% voire plus. Il est tentant de rendre les peuvres responsables des problèmes auxquels ils sont confrontés. Mais lorsqu'on observe les institutions que nous avons créées et qui ne parviennent pas à venir en aide aux pauvres, nous voyons que ces institutions et les conceptions rétrogrades qu'elles véhiculent portent une lourde responsabilité." p95
- "En observant le comportement des gens à qui nous prêtons de l'argent, nous avons vite compris qu'il valait mieux accorder des crédits aux femmes qu'aux hommes pour en faire bénéficier l'ensemble de la famille. Lorsque les hommes gagnent de l'argent, ils ont tendance à le dépenser pour eux-mêmes. Mais quand les femmes gagnent de l'argent, elles veillent à améliorer le sort de tous les membres de la famille, en particulier celui des enfants. Prêter aux femmes crée des bénéfices en cascade: cela procure des avantages sociaux et économiques à toute la famille et, finalement, à l'ensemble de la communauté." p102


Exemples de social-business:
- "Grâce au téléphone portable, le même fermier peut désormais comparer les offres des fournisseurs et les fluctuations des cours. Il est ainsi en bien meilleure position pour conclure un accord équitable avec les marchands locaux ou les intermédiaires. L'information, c'est le pouvoir: la révolution du téléphone mobile rend un peu de pouvoir aux pauvres des campagnes. Depuis le tout début, j'avais l'intention de transformer Grameen Phone en social-business en transférant aux pauvres la majorité des parts de la société. Mais je me trouve à présent face à un obstacle: Telenor refuse de céder ses parts ..." Grameen Telecom & Grameen Phone p158
- "Le système public de santé du Bangladesh est bien moins efficace qu'il ne devrait l'être. En théorie, il est universellement accessible. Mais la réalité est très différente. Le gouvernement consacre des sommes énormes au secteur de la santé, mais les services de soin n'atteignent que rarement les gens, et encore moins les pauvres. De nombreux villageois ont recours à des guérisseurs à peu près dépourvus de formation et à de prétendus pharmaciens vendant leurs propres médicaments, lesquels peuvent se révéler inadéquats ou dangereux." Grameen Kalyan & Grameen Health Care Services p163


Comment vaincre la pauvreté - Un aperçu politique:
- "Je crois fermement que tous les êtres humains ont une capacité innée qui passe généralement inaperçue: la capacité à survivre. Le simple fait que les pauvres sont vivants prouve qu'ils possèdent cette compétence. Ils n'ont pas besoin que nous leur montrions comment survivre: ils le savent déjà! Autoriser les pauvres à accéder au crédit leur permet de mettre immédiatement en pratique les compétences dont ils disposent: tisser, monder le riz, élever des vaches, conduire un pousse-pousse." p188
- "Une deuxième condition déterminante d'une croissance économique soutenue au Bangladesh est la liberté d'accès au marché américain. Le Bangladesh fait partie de la demi-douzaine des pays lesm oins développés d'Asie dont la plupart des exportations vers les Etats-Unis sont soumises à des droits de douane élevés. Le Bangladesh se voit actuellement appliquer le quatrième régime douanier le plus sévère parmi ceux que les USA opposent à leurs partenaires commerciaux." p 193
- "L'Asie du Sud est par conséquent la région la moins intégrée du monde. Le commerce régional n'atteint pas 2% du produit intérieur brut, contre plus de 20% en Asie de l'Est. Le commerce annuel entre l'Inde et le Pakistan est estimé à 1 milliard de dollars alors qu'il pourrait en représenter 9. Le coût des échanges frontaliers dans la région est trop élevé. Les postes-frontières entre l'Inde et le Bangladesh sont si encombrés que les files d'attente du côté indien dépassent 1000 camions ... Ce manque d'intégration contribue à faire de l'Asie du Sud l'épicentre de la pauvreté mondiale: on y trouve près de 40% de la population pauvre du monde." p197
- "En raison de ces problèmes, les peuples perdent la foi dans le sytème démocratique. Les jeunes sont particulièrement tentés par l'apolitisme: ils rejettent un système qu'ils considèrent qu'ils considèrent comme désespérément compromis. Dans ce climat, les politiciens consolident leur pouvoir en attisant la haine entre les citoyens, les groupes ethniques, les religions et les nations. Les dirigeants visionnaires capables de rassembler les individus et les nations se font rares. Si nous avions de tels leaders en Asie du Sud, un problème comme celui du Cachemire aurait été réglé pacifiquement depuis longtemps." p307
- " D'énormes inégalités existent aussi en matière de revenus. Cinq pays - les USA, le Japon, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni - rassembleent 13% de la population mondiale et disposent de 45% du revenu mondial. Par opposition, les trois grands paus du monde en développement - l'Inde, la Chine et l'Indonésie - représentent 42% de la population mondiale mais ne disposent que de 9% des revenus." p318

- " Voici la philosophie du capitalisme à laquelle sont attachés les économistes, les dirigeants d'entreprise, les experts politiques et autres auteurs écrivant sur le monde des affaires. Elle tient dans une coquille de noix:
- une vie meilleure pour le peuples du monde ainsi qu'une réduction des souffrances liées aux inégalités passe par une croissance économique soutenue ;
- la croissance économique vient uniquement d'investissements en capital réalisés sur des marchés concurrentiels ;
- les investisseurs sont exclusivement attirés par les entreprises gérées de façon à maximiser la rentabilité du capital ;
- la rentabilité du capital ne peut être maximisée que par des entreprises faisant de la maximisation du profit de leur unique objectif.
Cett logique nous ramène à une conclusion antérieure : l'être humain est une créature unidimensionnelle dont l'unique source de bonheur, de satisfaction et de motivation est l'argent...

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