Résumé:
[Résumé de l'éditeur]:
L'Amérique que nous voulons « L'Amérique est prête pour une politique nouvelle, progressiste - un nouveau New Deal. » Cette thèse de Paul Krugman n'est plus jugée donquichottesque : la victoire écrasante des Démocrates en témoigne. Une grande partie de l'opinion américaine pense même que la politique économique des conservateurs a contribué à créer la crise. L'érosion progressive, depuis un quart de siècle, des garde-fous financiers établis par le New Deal, l'ascension d'un « système bancaire fantôme », non assujetti aux réglementations, ont rendu le désastre possible. Paul Krugman éclaire magistralement les raisons du naufrage américain - fin des valeurs démocratiques, explosion des inégalités, chute dramatique du niveau de vie des classes moyennes - en examinant de manière décapante un siècle d'histoire politico-économique. Il soutient que la réforme de santé doit être au coeur de l'action de l'administration Obama, que l'assurance maladie universelle doit être au nouveau New Deal ce que la Social Security, la caisse de retraite publique, a été au précédent. Mais il y a une autre tâche, urgente : le sauvetage de l'économie. Selon Krugman, il ne reste qu'une option : la stimulation budgétaire de grande envergure. C'est par des dépenses que l'administration Obama tirera l'Amérique de la récession. Et il nous explique comment l'Amérique peut à la fois s'offrir des dépenses massives et une réforme majeure de son système de santé. Le nouveau New Deal commence.
[Résumé d'un internaute]:
L'Amérique que nous voulons" commence ainsi: "Je suis né en 1953... L'Amérique d'après-guerre était d'abord une société de classe moyenne. La grande ascension des salaires inaugurée par la Seconde Guerre mondiale avait fait passer des dizaines de millions d'Américains -dont mes parents- des taudis urbains ou de la pauvreté rurale à une vie de propriétaire et de confort sans précédent".
Le climat politique, se souvient l'essayiste, était alors "tempéré", et les républicains "n'essayaient plus de démanteler les acquis du New Deal".
Puis est venue l'ère Reagan et le tournant des années 80 : les inégalités se sont accrues, la situation économique s'est dégradée pour le plus grand nombre, et la politique s'est faite de plus en plus droitière, sous l'impulsion des néo-libéraux. Les républicains ont ouvertement prôné le démantèlement de tous les acquis du XXème siècle : "certaines politiques de Bush - sa tentative visant à supprimer les droits de succession, par exemple - ramènent l'Amérique non pas à ce qu'elle "était avant le New Deal, mais avant l'Ere progressiste" (1900-1918, période marquée par des tentatives de réforme sociale et par la législation antitrust). Et de rappeler que la campagne pour l'abrogation des droits de succession "a été largement financée par une poignée de familles qui ont de gigantesques héritages à financer".
Les démocrates, eux aussi ont glissé à droite : "non seulement Bill Clinton a gouverné plus à droite que Jimmy Carter, mais même plus à droite que Richard Nixon", souligne Krugman.
Pour Krugman, des "révolutionnaires d'extrême-droite" ont pris le pouvoir aux Etats-Unis
La thèse centrale du livre est celle-ci : "au cours des années 70, des éléments révolutionnaires d'extrême-droite décidés à revenir sur les acquis du New Deal se sont emparés du parti républicain". Cette droite dure a lancé l'offensive contre le mouvement syndical, réduit les taux d'imposition sur les hauts revenus, suscité et encouragé la montée de l'inégalité. Et pour l'auteur, c'est cet environnement politique qui a déterminé l'inégalité économique, et non l'inverse. La politique, affirme-t-il, sans crainte de passer pour un hérétique, a primé sur l'économie et a déterminé celle-ci.
Comment cette démarche a-t-elle pu réussir ? Comment une majorité d'Américains a-t-elle pu voter pour des présidents et des majorités accroissant les inégalités et ne favorisant que les plus riches ? C'est ce que Krugman s'attache à retracer. Ne pas manquer, dans son livre, le remarquable chapitre dédié aux "armes de distraction massive". Ou comment manipuler l'opinion, jusqu'à ce qu'elle vote contre ses propres intérêts. L'économiste rappelle comment Reagan avait entamé sa marche triomphale vers la présidence : "Il s'est fait remarquer en exagérant grossièrement un cas de fraude aux allocations à Chicago, qui lui a inspiré l'expression Welfare Queen, la "Reine des prestations sociales". Il n'a pas précisé la couleur de sa peau, il n'en avait pas besoin. " Pour Paul Krugman, le racisme a été l'ingrédient essentiel des succès des conservateurs. Mais pas le seul : il y a eu, aussi, "la lutte contre le terrorisme" et le retour de l'ordre moral.
Autant de leurres destinées à l'Amérique profonde et qui ont eu le résultat suivant, souligné par un livre qui avait fait quelque bruit en 2004, "What's the Matter with Kansas" ("Quel est le problème au Kansas") de Thomas Frank : "La ficelle ne s'use jamais...Votez pour interdire l'avortement, vous aurez une réduction de l'impôt sur les plues-values. Votez pour restaurer la puissance du pays, vous aurez la désindustrialisation ... Votez pour faire front contre les terroristes, vous aurez des manoeuvres pour privatiser la Caisse de retraite publique...". Dans la communication, les enjeux secondaires sont placés sur le devant de la scène. Et pendant ce temps-là, l'essentiel, une libéralisation qui coûte cher aux pauvres et aux classes moyennes, est mise en oeuvre méthodiquement, mais constamment escamotée dans le discours.
La conclusion du livre et de sa démonstration, menée tambour battant? On la devine sans peine : il est urgent, dans l'intérêt de l'immense majorité des citoyens, de faire marche arrière. D'établir une sécurité sociale pour tous. De revenir sur la baisse des impôts. Et de tenter, enfin, de réduire les inégalités. Aujourd'hui, la crise financière a rendu audible un discours dénonçant la folie du néolibéralisme, dont les années Bush ont marqué l'apogée.
Paru sous le titre The Conscience of a liberal.
Auteur:
Paul Robin Krugman, né le 28 février 1953 à Long Island dans l'État de New York, est un économiste américain qui a obtenu le « prix Nobel d'économie » 2008 pour avoir montré « les effets des économies d'échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l'activité économique ». Il tient une tribune depuis 2000 dans le New York Times ce qui lui a permis de devenir un « faiseur d'opinion ».
Avis:
** Ce livre démontre pourquoi il faudrait qu'il y ait un nouveau New deal dans ce début de XXIème siècle aux Etats-Unis (le New New Deal). La théorie de Paul Krugman est que des néo-conservateurs (proche extrême-droite) ont pris le pouvoir et qu'ils sont la raison du naufrage américain. Il plaide ainsi pour la fin d'une politique tournée uniquement vers l'intérêt des plus riches ...
** L'auteur parcourt l'histoire du XXème siècle des Etats-Unis: le long âge doré dans les années 20, la grande compression avec le New Deal dans les années 30, la politique de l'Etat providence après la guerre, une prospérité agitée dans les années 60, le conservatisme de mouvement dans les année 70, la grande divergence avec Reagan dans les années 80, la politique de l'inégalité et les armes de distraction massive à la fin du XIX et début du XXème siècle et pour finir le futur avec une nouvelle politique d'égalité ...
** Rappel: Aux Etats-Unis, les démocrates sont synonymes de libéraux et les républicains sont synonymes de conservateurs.
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