dimanche 16 janvier 2011

OTAGE - Elie Wiesel (2010)

Résumé:
New-York, 1975 : Shaltiel Feigenberg, juif américain et modeste conteur, est enlevé en plein jour à Brooklyn. Le Groupe palestinien d’action révolutionnaire revendique la prise d’otage. L’événement fait la Une des médias internationaux : c’est la première fois qu’une action terroriste de ce type se produit sur le sol américain.
Reclus dans une cave, les yeux bandés, livré à lui-même, Shaltiel songe qu’il y a eu méprise sur sa personne. Entre deux face-à-face avec ses ravisseurs, il tente d’échapper à la violence absurde du présent : ayant perdu la notion du temps, il se réfugie dans le passé.
Dans le chaos puissant des souvenirs surgit ainsi l’histoire de Shaltiel et des siens : la déportation, en 1942, des habitants du ghetto de Dawarowski, sa ville natale en Transylvanie ; sa propre survie, enfant, dans la cave d’un comte allemand, officier des renseignements nazis ; la libération de la ville par les soldats de l’Armée rouge ; le récit du père et de l’oncle de Shaltiel, rescapés d’Auschwitz ; la fuite clandestine, en URSS, dès 1941, du frère aîné, membre d’une cellule du Parti communiste juif ; l’émigration aux Etats-Unis…
Aux souvenirs personnels de Shaltiel, aux réminiscences de contes mystiques qui les ponctuent, font échos les confrontations avec ses ravisseurs : un Arabe qui combat pour la cause de son peuple et manifeste à tout bout de champ sa haine des Juifs ; un Italien, idéologue révolutionnaire pour qui la Palestine n’est que la cause très immédiate d’une lutte qui la dépasse.

Auteur:
Elie Wiesel est né le 30 septembre 1928 à Sighet (Roumanie). Il n’a que quinze ans lorsqu’il est déporté à Auschwitz avec sa famille. Il y perd sa mère et sa petite sœur. Il est ensuite transféré à Buchenwald avec son père, qui meurt quelques jours après son arrivée. Libéré en avril 1945, il est pris en charge par l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE). La Nuit, récit poignant, publié en 1958 grâce à François Mauriac, inaugure une œuvre littéraire forte d’une quinzaine de romans et récits, de quarante livres publiés en tout, traduits dans plus d’une vingtaine de langues. Il a reçu de nombreux prix pour ses livres et son engagement humanitaire, dont le prix Médicis en 1968 pour Le Mendiant de Jérusalem, le prix du Livre Inter en 1980 pour Le Testament d’un poète juif assassiné. Le prix Nobel de la Paix lui est décerné en 1986. Il a publié dernièrement chez Grasset Le cas Sonderberg (2008) et Rashi (2010).

Avis:
** Livre très bien écrit et très agréable à lire au gré des contes et souvenirs évoqués par le héros otage.
** Le sujet (terrorisme, extermination des juifs, conflit israélo-palestinien …) n'apporte aucune théorie nouvelle.
** Il permet cependant de faire un lien depuis la deuxième guerre mondiale jusqu'au terrorisme d'aujourd'hui avec le conflit au Moyen Orient.
** La présence d'un Italien dans les preneurs d'otage qui engage la discussion avec Shatiel donne un côté moins manichéen à la prise d'otage et permet un échange inattendu (proche du syndrôme de Stockholm dans certaines parties).

Citation:
"La vie d'un homme, en vérité, est faite non pas d'années mais de moments. Et tous sont féconds. Et uniques. C'est ce que m'a enseigné un vieil homme qui mendiait des mots et des histoires, et je ne me lasse pas de répéter sa leçon. Certains de ces moments marquent une rupture dans la conscience, d'autres voient jaillir des pensées étincelantes, philosophiques, ou des oeuvres d'art stupéfiantes, et d'autres encore tout simplement des recontres ou des bouleversements au fond de soi." (p184)

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